Après la décision prise par le gouvernement le mois d'août dernier de mettre fin aux activités de crédits de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et à celle de leasing de la Salem, la réaction de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) ne s'est pas fait attendre. Cette corporation, qui voit d'un mauvais œil une telle décision, s'est interrogée sur les «dommages collatéraux» qui peuvent en découler. L'UNPA s'est demandée si le gouvernement Ouyahia a pris en compte les 1 000 travailleurs qui seront de facto au chômage après cette décision. «Je me demande comment ils vont faire pour les 1 000 employés de la mutuelle, ainsi que les 85 que compte la Salem», s'est interrogé d'emblée le secrétaire général de l'UNPA, Allioui Mohamed, contacté hier pas nos soins. Par ailleurs, son organisation a adressé une lettre «explicative» au chef du gouvernement ainsi qu'au ministre de l'Agriculture, le 29 août dernier. Celle-ci, ajoute M. Allioui, met à nu les dommages et les pertes que peut engendrer une telle décision. «Après la décision du gouvernement, on a envoyé une lettre au chef du gouvernement et au ministre de l'Agriculture, dans laquelle on a expliqué que cette décision doit prendre en considération la situation sociale des fonctionnaires concernés», explique-t-il. Et d'ajouter que l'UNPA attend toujours une réponse de la part des pouvoirs publics. Indiquant ignorer les motifs d'une telle décision, notre interlocuteur a mis en exergue la nécessité de «garder» le leasing de la Société algérienne de leasing mobilier (Salem) au profit des agriculteurs. «On demande au chef du gouvernement de revoir sa décision concernant le leasing agricole, car il doit rester au profit des agriculteurs», souhaite-t-il. «La BADR ne doit pas ignorer les droits de ces fonctionnaires», d'autant que son P-DG a été mandaté par le gouvernement pour animer un groupe de travail regroupant des représentants des ministères des Finances, de l'Agriculture, ainsi que ceux d'entreprises publiques productrices de matériel agricole. Ce groupe, chargé d'élaborer des recommandations pour une politique de leasing efficace, devra présenter ses conclusions en conseil interministériel durant la première quinzaine du mois d'octobre prochain. En d'autres termes, le gouvernement Ouyahia a renforcé les prérogatives de la BADR. Quant à la CNMA, elle reviendra à sa vocation initiale, soit une caisse mutualiste offrant des produits d'assurance spécifiques aux agriculteurs. Du côté du ministère de tutelle, le chargé de la communication, Djamel Barchiche, a minimisé «l'affaire». Il s'est contenté d'évoquer «les bienfaits» de ladite décision. «Il s'agit d'un redéploiement qui permettra de servir les agriculteurs plus efficacement», a-t-il souligné. «Rien n'est changé au CNMA. Cette opération est pour les intérêts de l'agriculture et des agriculteurs algériens», affirme-t-il. S. B.