De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Il est de notoriété publique que les associations culturelles, à quelques exceptions près, n'ont pas les moyens de faire face aux dépenses nécessaires pour l'organisation d'activités culturelles d'envergure. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, cette situation est encore plus vraie, du fait que, malgré l'existence de centaines d'associations, une bonne partie, faute de moyens, se trouve en hibernation depuis plus de quinze ans, maintenant. Il est vrai que «l'euphorie» que l'Algérie avait connue au début des années quatre-vingt-dix, qui avait constitué un encouragement à la multiplication du tissu associatif, a été stoppée net, et par l'aggravation de la situation économique et, par l'entrée du pays dans un engrenage de guerre civile particulièrement violent. D'où une réduction de l'aide consentie au mouvement associatif par des pouvoirs publics, et quand celle-ci intervenait, c'était toujours en fonction du degré de son allégeance au pouvoir en place.Aujourd'hui, si les choses se sont bien améliorées au niveau des finances de l'Etat, grâce à la manne pétrolière notamment, le changement relatif au mode de répartition de subventions intervenu depuis ces dernières années n'a pas eu les résultats escomptés, dans la mesure où la cagnotte destinée aux associations, y compris culturelles, a été bien entamée pour faire profiter le maximum d'associations. Une politique qui s'est avérée désastreuse au plan qualitatif, puisque les associations, pour organiser des activités, doivent composer avec des moyens très limités. Cette politique persiste jusqu'à ce jour, dans la mesure où il n'y a que les associations culturelles disposant d'un gros soutien étatique qui soient capables d'initier des actions de qualité, bien que cela ne soit pas toujours évident. Et a contrario, rares sont les animateurs ou hommes de culture capables de créer du bel ouvrage sans cette même aide conséquente des pouvoirs publics ou de sponsors privés. C'est avec une volonté de fer et un engagement sans faille que les animateurs de la Ligue des Arts Dramatiques et cinématographiques (LADC) de Tizi Ouzou ont su perpétuer, sans un centime, le festival des raconte-arts, à sa huitième édition cette année, chez les Ath Iraten de Taourirt Moqran. Une association qui ne reçoit aucune aide de l'Etat, mais qui a eu l'ingénieuse idée d'organiser sa manifestation majeure en s'appuyant uniquement sur les villageois où a lieu son déroulement.Par ailleurs, et de son côté, la directrice du théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, Fouzia Aït-El Hadj, ainsi que son équipe n'ont pas attendu l'achèvement des travaux de réhabilitation que l'enceinte a connus pour se mettre au travail. Hébergés «provisoirement» dans des locaux de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, avant leur déplacement vers le théâtre encore en chantier, ils n'ont pas hésité à monter des pièces théâtrales, même si les conditions n'étaient pas encore réunies pour cela. L'équipe de Fouzia Aït El Hadj s'est même permis le «luxe» d'initier des formations au profit d'animateurs associatifs dans le domaine du théâtre et de l'écriture théâtrale. Ce sont là deux exemples qui démontrent on ne peut mieux que, même sans moyens conséquents, il existe des gens de culture capables de faire des merveilles. Et il suffit pour cela d'avoir de l'imagination et un peu de volonté et d'engagement.