Les observateurs ont déclaré qu'il y a eu une participation sans précédent pour ce scrutin, le 41% atteint samedi est le premier depuis des décennies en Egypte dont l'issue n'était pas connue d'avance. Le «oui» l'a finalement remporté à 77% des voix lors du référendum sur la révision constitutionnelle de samedi en Egypte, a annoncé hier la commission chargée de l'organisation du scrutin. Si le scrutin s'est, dans l'ensemble, déroulé dans le calme, un incident a émaillé la journée au moment où Mohamed El Baradei, ex-directeur général de l'AIEA, a voulu voter. A peine sorti de sa voiture, El Baradei, qui avait appelé à voter contre les amendements proposés, a été bousculé par un groupe de jeunes qui l'ont empêché de pénétrer dans le bureau de vote et lui ont jeté une pluie de pierres. El Baradei, qui compte être candidat à la prochaine présidentielle, a dû se réfugier dans sa voiture et quitter les lieux. Les opérations de vote, qui avaient débuté dans les quelque 54 000 bureaux, ont pris fin à 19h (soit 18 heure algérienne). 40 000 soldats ont été mobilisés pour assurer la sécurité du scrutin. La réforme constitutionnelle, faut-il le rappeler, est un préalable à l'organisation d'élections législatives et présidentielle censées permettre l'instauration d'un gouvernement civil et élu en Egypte. Loin de faire le consensus, ce vote a divisé la société égyptienne en deux clans : les partisans du «oui» et ceux du «non». Des organisations de la société civile comme la Coalition du 25 janvier, le Mouvement du 6 avril ou le collectif Kefaya, en pointe lors des journées révolutionnaires, de même que plusieurs candidats à la Présidence comme Amr Moussa ou encore El Baradei, ainsi que plusieurs partis politiques, avaient appelé à rejeter le projet qui ne répond pas, selon eux, aux revendications de la révolution. «Les révolutions renversent les Constitutions. Cette insistance à organiser un référendum sur un document obsolète revient à vouloir effectuer une greffe d'organe sur un cadavre», estimait cette semaine Zakaria Abdelaziz, ancien président de l'influent Club de juges. En revanche, les Frères musulmans et les héritiers du Parti national démocratique (PND) du président déchu, dont les militants sont habitués à rallier le soutien populaire, étaient favorables aux amendements, estimant qu'un remaniement complet de la loi fondamentale prendrait trop de temps. Elaborées en dix jours par une commission spéciale, ces propositions n'ont été soumises à discussions publiques que pendant trois semaines.Si elles limitent le mandat présidentiel à deux fois quatre ans et assurent une supervision des élections, elles ne réduisent pas les pouvoirs étendus du chef de l'Etat sur lesquels s'est appuyé pendant trois décennies le pouvoir autocratique de Moubarak, estiment les détracteurs du texte. Aussi, ajoutent-ils, accepter ce qu'ils considèrent comme des modifications mineures donnerait une légitimité à la Constitution de 1971, trahissant les idéaux de la révolution du Nil. Le projet prévoit que le prochain Parlement constituera une commission chargée de réécrire complètement la loi fondamentale. Les militaires, qui ont pris les rênes du pouvoir depuis le départ de Moubarak, ont établi un calendrier serré de six mois au cours desquels doivent se tenir le référendum, des élections législatives et un scrutin présidentiel suivi d'un autre référendum constitutionnel. Des militants démocrates estiment que ce programme accéléré pourrait permettre à ceux qui ont manipulé l'ancien système de récidiver ou de favoriser, par sa précipitation, les Frères musulmans et le PND.Avec l'adoption des amendements, les élections législatives se tiendront comme prévu d'ici septembre. G. H.