Photo : Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi C'est déjà une assurance quant aux avancées médicamenteuses mises en place. Toutefois, cet espoir ne peut être concrétisé qu'avec la présence d'un cadre fort important : l'entourage immédiat du malade. Délaissé par sa famille et ses proches, le patient replongera immanquablement dans son mal, faute d'une présence «morale et émotionnelle à ses côtés».La Direction de l'action sociale (DAS) de la wilaya de Constantine, en étroite collaboration avec l'EHS et la Protection civile, effectue des rondes périodiques pour repérer et faire évacuer vers l'hôpital les personnes jugées atteintes. Mais une fois le patient sorti de la structure de soins, le cycle reprend. Qui le prendra en charge s'il est «rejeté» par sa propre famille ? L'EHS, d'une capacité de 115 lits pour les hommes et de 80 pour les femmes, outre quelques places pour les cas d'urgence, ne peut accueillir tous les malades «à vie». D'où la nécessité de centres intermédiaires.L'établissement hospitalo-psychiatrique Mahmoud-Belamri, situé sur les hauteurs de djebel Ouahch, à Constantine, ne désemplit pas à longueur d'année. C'Est un centre hospitalier qui accueille des malades pour la plupart issus des circonscriptions de l'Est. Les causes des pathologies mentales sont aussi bien génétiques qu'organiques. La dépression mentale, en raison du mal de vivre, est devenue un véritable problème de santé publique en Algérie, où on estime l'existence de plus de 150 000 cas. Un chiffre effarant qui a pris de l'ampleur avec les séquelles de la décennie noire mais aussi avec une vie «délétère», générée par des facteurs sociaux «pré-dépresseurs», tels le chômage, la dégradation du pouvoir d'achat, les problèmes familiaux,…«Ce qui demeure compliqué est lié directement à l'insertion sociale qui fait défaut», devait confier le directeur de l'hôpital Mahmoud-Belamri, M. Mechenoui, indiquant qu'une fois que le patient aura retrouvé son rythme et son punch, il lui faudra inévitablement un entourage communicatif et sensible de surcroît pour lui épargner la rechute. Malheureusement, la prise en charge dans le milieu familial fait cruellement défaut, ce qui implique un retour à la case départ pour ces pauvres malades. «L'EHS ne pourra jouer le rôle de pensionnaire à vie, notamment pour les patients dont le traitement en ambulatoire est suffisant», soutient encore le directeur. Cette situation dicte la solution : les pouvoirs publics devront créer des centres intermédiaires avec du personnel qualifié et des moyens de prise en charge adaptés aux besoins exprimés. Ces centres seront une sorte de substitut au cadre familial et prendraient en charge cette frange refoulée et incomprise par son environnement proche.En l'absence de cette solution intermédiaire, tous les traitements prodigués s'apparenteraient à un coup d'épée dans l'eau et pour le malade et pour les caisses de l'Etat, surtout quand on sait qu'un séjour à l'hôpital moyennant plateaux techniques, hébergement et médicaments s'élève à 150 000 dinars par patient. Il est vrai que, sur cet aspect, le ministère de la Santé ne lésine pas sur les efforts pour offrir une prise en charge adéquate en milieu hospitalier, en témoignent, à titre d'exemple, le budget annuel accordé à l'EHS et qui est de 4,9 milliards de dinars pour le fonctionnement, toutes dépenses confondues (plateaux techniques et hébergement). «Sur ce plan, nous ne souffrons d'aucun problème», se félicite la direction qui travaille au projet de la réhabilitation et l'extension des espaces dont la pharmacie. Le programme d'aménagement touche à sa fin. Les travaux sont à 90% d'avancement, souligne le directeur.En matière de rénovation et d'acquisition de matériels médicaux, l'EHS a réceptionné un nouveau fauteuil dentaire, en plus de celui déjà opérationnel. Cela évitera aux malades de se déplacer en extra pour des soins. Il est aussi nécessaire de souligner l'acquisition de radio fixe et d'un ECG à trois pistes qui renforcent le plateau technique. «Seuls quelques examens approfondis sont transférés au CHU», précise-t-on à l'EHS.En ce qui concerne le corps médical, la structure compte 8 maîtres-assistants, 17 spécialistes, 23 résidents et deux chirurgiens-dentistes. «La garde est assurée par un spécialiste, un résident et un assistant», indique le responsable. Toutefois, la crise du médicament, qui continue de sévir dans pas mal d'espaces de santé, n'a pas épargné l'EHS psychiatrique, ce qui contraint les spécialistes à opter pour des ersatz en vue de maintenir pour les malades une thérapie équilibrée. En fait, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), principal fournisseur, est souvent à court de produits et ne laisse aucune marge de manœuvre aux structures sanitaires pour s'approvisionner ailleurs. Cette situation nécessite également une solution, selon des responsables, sous peine de pénaliser les malades.Pour le programme d'action 2011, la pédopsychiatrie prendra un nouvel essor, selon les spécialistes, dès lors que le service en question a vu l'intégration d'un spécialiste engagé à part entière pour s'occuper de cette catégorie de malades. Cette reconfiguration permettra, à coup sûr, aux spécialistes actifs dans cet hôpital de mieux partager les rôles à l'avenir. La pédopsychiatrie, qui bénéficie d'un vaste programme soutenu par l'Organisation mondiale de la santé, se doit de répondre aux exigences, voire aux normes requises. Pour la propulser à l'échelle locale, un comité présidé par le médecin en chef se déplacera cette semaine à la capitale pour s'imprégner en la matière du modèle de l'hôpital de Chéraga après que deux inspecteurs dépêchés par le ministère de la Santé ont visité l'EHS, il y a quelques jours. Ainsi, la pédopsychiatrie, souvent omise par les parents, revient au-devant des préoccupations en faveur des enfants souffrant de divers troubles. On regroupe dans cette spécialité les troubles du sommeil, d'alimentation, de langage, de comportement… «Les parents deviennent de plus en plus soucieux quand ils remarquent un changement dans le comportement de leurs enfants et n'hésitent plus à contacter un pédopsychiatre», explique un spécialiste. L'EHS de djebel Ouahch, qui accorde une attention particulière à ces enfants, renferme un service doté de 30 lits.