Photo : M. Hacène Par Salah Benreguia Lorsqu'on aborde la finance islamique, on se retrouve généralement face à deux positions diamétralement opposées : «Elle peut sauver le monde» et «c'est une finance hypocrite».Afin de mettre à nu les différents principes de ce type de financement ainsi que ses diverses vertus, une journée parlementaire a été organisée hier par l'APN. Un panel d'experts nationaux et étrangers et des responsables de banque ont participé à la rencontre. Les spécialistes se sont également penchés sur le développement de cette finance à travers le monde. Certains intervenants, à l'image de Younes Soualhi, enseignant à l'Institut islamique de l'université de Malaisie, a indiqué que ce concept est développé dans plusieurs pays non musulmans comme la Grande-Bretagne ou l'Allemagne et certains pays asiatiques. En Asie, les Chinois, ajoute cet expert d'origine algérienne, détiennent des fonds importants dans ce segment.L'autre point évoqué par les experts est le rôle que peut jouer cette finance dans le développement de tout le paysage bancaire algérien. En d'autres termes, dans les pays dits musulmans, à l'instar de l'Algérie, ce type de financement peut booster et contribuer au développement du secteur bancaire. Les spécialistes en la matière soutiennent que la finance islamique, qui représente actuellement 1 à 3% de la sphère bancaire et financière en Algérie, devrait bénéficier de facilitations juridiques à même de lui permettre de s'élargir pour répondre aux besoins accrus en produits conformes à la charia, notamment au sein des jeunes. Haideur Nacer secrétaire général d'Al Baraka Bank, première banque spécialisée dans les produits conformes à la charia en Algérie, a fait savoir que la réussite de sa banque sur le marché algérien témoignait, à elle seule, de la «souplesse des autorités algériennes dans le traitement avec les produits islamiques». «S'il y a une quelconque résistance, ce n'est pas par rapport aux produits islamiques mais c'est une caractéristique du marché financier en Algérie, encore en retard en termes de diversification de produits», a-t-il dit. Par ailleurs, les experts intervenants affirment que les principes de la finance islamique ne sont pas contre la rémunération des crédits, mais plutôt contre une rémunération fixe, appelée «l'usure» ou taux d'intérêt dans la finance conventionnelle. Parmi les instruments de cette finance figure la «mourabaha», un contrat d'achat et de revente dans lequel la banque achète à un fournisseur un bien matériel à la demande de son client, le prix de revente étant fondé sur le coût plus une marge bénéficiaire. Le «salam», contrat d'achat comportant la livraison différée des marchandises, utilisé pour le financement de l'agriculture, l'«istisna», instrument de financement avant livraison et de crédit-bail utilisé pour le financement de projets à long terme, le «qardh al hasan» (prêt gracieux), un contrat de prêt sans intérêts généralement adossé à une sûreté, instrument de quasi-dette ou encore l'«ijara», contrat de crédit-bail par lequel une partie loue un bien pour un loyer et une échéance déterminés, sont d'autres outils de cette finance. Selon ces mécanismes «toute rentabilité financière doit être justifiée par une rentabilité économique».