La décision prise mardi dernier par l'OPEP de retirer le surplus de production sur les marchés ne semble pas avoir produit des effets notables sur les cours. Le brut reste influencé par les craintes sur la consommation et par la vigueur retrouvée du dollar. Le jeudi 11 septembre, il était tombé sous 97 dollars à Londres (96,99 dollars), avant de remonter légèrement hier, dopé par l'approche de l'ouragan Ike. L'ouragan, de niveau 2 sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte cinq, pourrait atteindre la catégorie 3 en se renforçant au-dessus du golfe du Mexique, une zone où se concentre la grande partie de la production pétrolière et gazière. Allons-nous assister à une chute spectaculaire des cours, à la suite de l'interruption de la production dans le golfe du Mexique ? Peu probable. C'est plutôt le géopolitique qui fait monter les cours. Le fait que le président du Venezuela, Hugo Chavez, ait menacé jeudi de suspendre les fournitures de pétrole brut vénézuélien aux Etats-Unis, qui sont son principal client, si Washington agresse son gouvernement a eu des répercussions sur les marchés. En cas d'agression américaine contre le Venezuela, «il n'y aura plus de pétrole pour le peuple des Etats-Unis», a-t-il lancé, peu après avoir ordonné l'expulsion de l'ambassadeur américain à Caracas, en solidarité avec la Bolivie. Le Venezuela occupe le cinquième rang parmi les fournisseurs de brut aux Etats-Unis, avec 1,1 million de barils par jour (b/j) au cours du premier trimestre de 2008, selon le gépartement américain de l'Energie (DoE). Le Venezuela était parmi les pays qui voulaient une réduction de l'offre pétrolière de l'OPEP, à l'occasion de la conférence ordinaire de mardi dernier. Et il l'a obtenue. Caracas était à l'opposé de Riyad sur cette question. Les Saoudiens poussaient au maintien des quotas. Finalement, c'est le consensus autour de la réduction qui a prévalu. Le royaume surproduit. Il a augmenté sa production de 500 000 barils par jour en mai et juin derniers, alors que les prix s'envolaient. En août, il pompait 9,45 mbj, bien au-delà de son quota de 8,94 mbj, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Certains estiment que la décision de Riyad d'accepter cette réduction a permis de maintenir l'unité de l'OPEP, car l'Arabie saoudite ne veut pas engager une guerre des prix avec certains membres de l'organisation pétrolière. L'OPEP veut se prémunir contre le risque d'une chute brutale des cours, comme ce fut le cas à la fin des années 1990 lorsque le prix du baril était tombé de 20 à 8 dollars. Il y a une crainte réelle que les cours du pétrole s'effondrent, car l'offre est supérieure à la demande. Bien que l'Arabie saoudite puisse supporter une forte baisse des prix, elle cherche un prix objectif aux alentours de 90 à 95 dollars/baril, notent des experts. Y. S.