Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar «Que peut-on dire aujourd'hui sur l'histoire millénaire de Béjaïa ? Tout simplement que celle-ci n'a pas dévoilé tous ses secrets et qu'un travail de longue haleine reste à faire dans ce domaine à travers des recherches plus poussées qui passent, de toute évidence, par des démarches pour la récupération de toutes nos archives.» C'est ainsi que se présente l'Association pour la sauvegarde du patrimoine culturel de Béjaïa (ASPCB) qui œuvre pour la promotion des sites patrimoniaux et des traditions culturelles de la région dans le but déclaré de «vendre son image comme destination touristique privilégiée».Cet intérêt pour le patrimoine matériel et immatériel de la capitale des Hammaddites est, en vérité, partagé par de nombreuses autres associations qui, au-delà de la beauté de la nature et de la profondeur de l'histoire, travaillent pour restituer aux visiteurs et aux curieux l'éclat des différentes civilisations et des courants migratoires qui l'ont façonnée à travers les âges.Dans ce même registre, le Groupe de recherches sur l'histoire des mathématiques à Béjaïa (Gehimab) a organisé plusieurs colloques sur les grandes personnalités qui ont fait la réputation de la cité au Moyen-Age. Effectivement, le Gehimab, à travers un travail historique fouillé, s'est consacré à la restitution des œuvres de plusieurs savants et ulémas qui ont fait le prestige de l'antique Bgayet. De riches expositions et des œuvres de théâtre ont servi de supports à la résurrection de Sidi Yahia Al Aydli, Ibn Khaldoun, Al Waghlissi, Al Ouartilani ou encore le mathématicien pisan Léonardo Fibonacci, l'astrologue Ibn Al-Raqqam et le cartographe Piri Reis.Gehimab s'est également intéressé à des éminences contemporaines comme Cheikh Aheddad, Al Mokrani, Cheikh Al Mouhoub, le célèbre mathématicien Albert Ribaucour, qui a construit certains bâtiments de la vieille ville, et le plasticien Emile Aubry. Scientifiques et lettrés, religieux et grands mystiques, hommes de culture et de résistance, Gehimab s'attache, depuis sa création au début des années 1990, à dépoussiérer cette mémoire «savante» de la région. On peut également citer à ce sujet les efforts de l'Association pour la renaissance de l'institut coranique Sidi-Touati (Aricst) qui est engagée dans l'enseignement religieux des œuvres du cheikh aux jeunes générations. La fondation «Cheikh Aheddad» fait de même. L'association «Citadelle Casbah» agit pour la sauvegarde et la restauration de l'antique cité almohade. Le collectif «Patrimoine et Identité» milite pour la valorisation du site romain de Tiklat.La protection des sites naturels compte aussi de nombreux défenseurs. L'Association pour la protection et la sauvegarde de la baie des Aiguades préconise l'aménagement de ce joli coin qui abrite de nombreuses curiosités comme le cap Carbon, le cap Bouak et les deux corniches. Elle entreprend des initiatives cycliques pour le nettoyage et la sauvegarde des richesses florales et faunistiques de ce site paradisiaque. De nombreuses associations écologiques comme Kefrida et Véga 2000 travaillent pour l'entretien des vieux cimetières et des sites naturels.Cette œuvre de sensibilisation et de vulgarisation du tissu associatif est importante. Mais les moyens, souvent réduits, dont disposent ces associations ne permettent pas une réelle prise en charge des problèmes soulevés. Il appartient aux pouvoirs publics d'appuyer ce potentiel pour passer du diagnostic à la thérapie.