Le colonel Kadhafi n'est «pas disposé à quitter son pays» malgré les bombardements de l'Otan et l'isolement grandissant de Tripoli, a indiqué l'Afrique du Sud au lendemain d'une visite de Zuma en Libye. Lors d'une rencontre entre les deux hommes, Kadhafi a refusé l'éventualité de trouver refuge dans un autre pays. L'Afrique du Sud a appelé à un cessez-le-feu «immédiat pour encourager les parties en guerre à entamer le dialogue en vue d'une transition démocratique». Pour Pretoria, la solution au problème libyen ne peut pas être militaire, mais doit passer par un dialogue politique. Zuma et Kadhafi ont discuté d'une «feuille de route» établie par l'UA. Le document prévoit un cessez-le-feu, l'arrêt des bombardements de l'Otan et l'instauration d'une période de transition conduisant à des élections démocratiques. Le dirigeant libyen s'est dit «prêt à mettre en œuvre» l'initiative.En revanche, la «feuille de route» a été rejetée par le Conseil national de transition (CNT), organe de direction des insurgés qui refuse de dialoguer avec Kadhafi au pouvoir. La nouvelle initiative diplomatique de Pretoria intervient alors que l'Otan intensifie ses bombardements en Libye. Avant la visite de Zuma des informations circulaient selon lesquelles le chef d'Etat sud-africain activerait vers «une stratégie de sortie» avec Kadhafi. L'Afrique du Sud a été même évoquée dans les médias comme un lieu d'exil possible pour le leader libyen. Le président Sud-Africain a demandé à l'Otan de «respecter le rôle de médiateur de l'UA». La veille, il avait estimé que le fait d'avoir à «demander la permission de l'Otan» pour se rendre en Libye «sapait l'intégrité de l'Union africaine». Le 17 mars dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution qui a autorisé l'usage de la force en Libye. La coalition menée par l'Otan a reconnu depuis vouloir précipiter la chute de Kadhafi. L'Afrique du Sud, membre non permanent du conseil de sécurité, avait voté en faveur de la résolution, avant de regretter la manière dont elle a été mise en œuvre sur le terrain.De son côté, le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini est arrivé hier à Benghazi pour y inaugurer officiellement un consulat italien. L'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye et qui fut un important partenaire économique de Tripoli, plaide en faveur d'un exil de Kadhafi et figure parmi les pays ayant reconnu le CNT. Frattini, a affirmé que le régime libyen était bien «fini». Pour forcer Kadhafi à partir, «nous devons maintenir notre pression militaire, renforcer les sanctions économiques pour garantir l'irréversibilité du mouvement en faveur du peuple libyen», a déclaré Frattini. L'Italie est, avec la France, le Qatar, la Gambie, le Sénégal, la Grande-Bretagne et la Jordanie, parmi les pays ayant reconnu le CNT. Ce dernier a annoncé que les forces insurgées s'appelleront désormais Armée de libération nationale (ALN). Ces dernières semaines, les soutiens étrangers au régime libyen se sont réduits comme une peau de chagrin, avec en particulier la défection vendredi de la Russie, allié traditionnel de Tripoli, réclamant le départ de Kadhafi. M.B./ agences