Les populations rurales vivent dans des conditions déplorables à Béjaïa. Pénurie d'eau potable, défaut d'hygiène, prolifération des dépotoirs d'ordures, dégradation des routes, absence de réseaux d'assainissement et coupures récurrentes de courant électrique illustrent le calvaire qu'ils endurent au quotidien. Rien qu'au cours de la journée d'hier, plusieurs mouvements de protestation ont éclaté à travers les différentes communes de la wilaya pour dénoncer cette situation catastrophique. Tôt dans la matinée, les villageois de Tazrourt, dans la commune de Tizi N'berbère, ont coupé la circulation sur la RN9 (Béjaïa-Sétif) pour réclamer la réfection de la route desservant leur hameau et son alimentation en eau potable. Les protestataires, venus en grand nombre, ont bloqué cet important axe routier au lieu-dit Tala Khaled, à la sortie ouest de la ville d'Aokas. De longues files de véhicules se sont constituées durant toute la journée de part et d'autre du barrage dressé par les protestataires. Des milliers d'usagers, dont des routiers et des estivants, ont été astreints à une longue attente sous un soleil de plomb. Selon le représentant des villageois, plusieurs courriers adressés aux autorités locales, pour trouver des solutions à tous ces problèmes, sont restés sans suite. Faute de réponse à leurs doléances, les concernés ont décidé de passer à l'acte en guise d'ultime recours. Afin de dénouer cette crise, la daïra a abrité une séance de travail à huis-clos avec les protestataires et les élus locaux. Des promesses auraient été faites aux contestataires pour remédier en urgence à leur situation. Les citoyens de la commune montagneuse de Kendira ont également bloqué la RN75 (Béjaïa-Bouandès) pour revendiquer l'élargissement de cette route et l'amélioration de leurs conditions de déplacement. A l'issue d'une précédente action de protestation, les autorités concernées auraient promis de poursuivre les travaux déjà achevés sur le tronçon Amizour-Barbacha. Depuis, aucune action concrète n'a été entreprise dans ce sens, expliquent les villageois mécontents, qui dénoncent le laxisme et le mépris de l'administration locale. Les citoyens de la localité de Fenaïa ont, à leur tour, bloqué la circulation sur la nationale 12 (Béjaïa- Tizi Ouzou) pour réitérer une série de revendications. La réfection du chemin de wilaya 174 qui relie plusieurs villages au chef-lieu de la commune, la réparation des réseaux d'AEP et la fermeture des dépotoirs d'ordures qui prolifèrent çà et là, figurent en tête des problèmes soulevés. Là encore, le chef de daïra d'El Kseur a réuni les représentants de village et les élus locaux pour trouver un terrain d'entente et fixer un échéancier au règlement de ce contentieux. A Akbou, ce sont les villageois d'Azzaghar qui ont été amenés à fermer le siège de l'APC pour exiger la réalisation d'un réseau d'assainissement, car les eaux usées rejetées directement dans l'environnement immédiat risquent sérieusement d'infecter les sources et les puits d'eau potable. Les protestataires réclament également la pose de ralentisseurs sur la RN26, où plusieurs accidents mortels ont été enregistrés récemment. La daïra et l'APC de la ville avaient promis, à l'occasion, de prendre en charge ces doléances. L'APC d'Akfadou (région de Sidi Aïch) a été également paralysée par les citoyens du village d'Aourir. La réparation des routes, l'hygiène publique, l'eau potable et l'assainissement figurent parmi les soucis majeurs des populations. Les autorités locales se sont engagées à agir dans les plus brefs délais pour apporter des solutions. Pour le moment, les promesses et les engagements des responsables locaux ont, semble-t-il, temporairement calmé les esprits. Des actions concrètes doivent suivre si on veut circonscrire durablement ces foyers de tension sociale. Les assemblées élues et l'administration locale sont vivement interpellées pour réagir, et vite.