Photo : Sahel Par Ali Boukhlef Lassé par le système qu'il a vu naître, Abdelhamid Mehri ne mâche plus ses mots. Invité avant-hier dans la soirée aux «mille et une news» du quotidien Algérie-news, l'ancien ministre du GPRA a non seulement ravivé les souvenirs de la guerre d'Indépendance, mais a aussi tiré à boulets rouges sur un système «incapable», à ses yeux, de «résoudre les problèmes actuels».Ce n'est pas la première fois que l'ancien secrétaire général du FLN, dans les années 1990, donne sa vision de l'Algérie. Mais Abdelhamid Mehri donne l'image d'un homme qui, pour avoir été un des fondateurs du système algérien, veut vivre dans de meilleures conditions. Pour cela, il dit ne vouloir la peau de personne. Il veut juste un changement. «Changer un président ou un ministre ne veut rien dire si le système reste en place» a-t-il plaidé. Il assure qu'il ne cherche rien de particulier en publiant, au printemps dernier, une lettre envoyée au président de la République. Ce qu'il recherche, a-t-il assuré, c'est de contribuer au changement du système.Reliant ce qui se passe actuellement avec le passé, l'ancien ministre de la Communication sous Chadli pense que les idéaux de Novembre sont dévoyés. «A l'indépendance, on est passé de la stratégie de rassemblement à celle de la division», a-t-il asséné. A son avis, les Algériens n'ont pas «su capitaliser les valeurs de la Révolution algérienne».Commentant l'actualité immédiate, Abdelhamid Mehri indique que «le pouvoir n'a pas de réelle volonté de changement». «Conduire un changement implique irrémédiablement la consultation de larges couches de la société. Ce n'est malheureusement pas le cas», a-t-il encore indiqué. Pour appuyer son propos, l'ancien cadre de la Révolution algérienne fait ce constat amer : «Tenez, on a une liberté d'expression, mais de façade, à travers laquelle on peut tout aborder, à part les vrais problèmes».Le constat d'échec fait par Mehri concerne aussi la politique étrangère. Selon lui, «notre compréhension de la politique étrangère est fausse. Et c'est ce qui fait la faiblesse de la position algérienne sur le plan international. Le président ne fait pas la politique étrangère mais la dirige. La politique doit être le fruit du consensus d'une nation», a-t-il analysé. Il a même donné des exemples éloquents. Selon l'invité de Djazaïr News, «on ne peut tout de même pas édifier l'Union du Maghreb avec Kadhafi». Mieux, «l'Algérie doit soutenir les révoltes des peuples arabes» qu'il qualifie de «justes». Même la position de l'Algérie par rapport à la cause palestinienne n'est pas totalement «claire», a encore ajouté Mehri. Pis, l'orateur estime que même vis-à-vis de la France, la position de l'Etat n'est pas ce qu'il y a de mieux. «Cela nous suffit que l'Etat français ait reconnu l'existence de la guerre d'Algérie», a-t-il indiqué.