A l'image d'autres personnalités politiques, Louisa Hanoune, la vigie ouvriériste du Parti des Travailleurs (PT), est inquiète au sujet de la capacité de l'Administration algérienne à édulcorer, diluer ou ratiboiser les réformes politiques annoncées par le chef de l'Etat. Elle y voit même une énième tentative de perpétuer son hégémonie. Pis encore, une intention inavouée de biseauter les cartes politiques et piper les dès électoraux. Y voyant les signes précurseurs d'une régression démocratique, elle a demandé au président de la République de retirer les avant-projets de codes électoral et sur l'information, ainsi que la loi sur les partis politiques. La Rosa Luxembourg algérienne n'a pas été entendue. Du moins, en partie, car le Conseil des ministres a examiné, avant adoption par les députés, les textes relatifs aux élections et aux incompatibilités avec le mandat parlementaire. Aux antipodes des craintes de la Dame, le communiqué de la présidence de la République, à titre d'exemple, délivre un satisfecit aux concepteurs de la future loi électorale. Il y voit même une réponse satisfaisante au parti du doute national, qui met en cause, par anticipation, la transparence des prochains rendez-vous électoraux. Ces mêmes Cassandre, qui doutent de «la possibilité d'une alternance au pouvoir par la voie des urnes», se voient ainsi rassurées. Mais, par définition, ceux qui doutent ne demandent qu'à croire. Mieux, qu'à voir. Et ils ont raison ces sceptiques en diable qui croient, comme Jean Cocteau, qu'il n'y a pas d'amour mais seulement des preuves d'amour. En guise de gages de bonne volonté et de caution d'amour, le communiqué du Conseil des ministres voit dans le nouveau code électoral des avancées démocratiques substantielles. Des progrès matérialisés par un mieux démocratique par rapport à l'ordonnance de mars 1997, modifiant celle de janvier 1991. Ceci dit, il y a une nouveauté, et elle est de taille. Les élections, qui seront toujours organisées par l'Administration, seront supervisées par une commission de magistrats, tous désignés par le chef de l'Etat. Il en est de même de la révision des listes électorales. Autre innovation, la mise en place d'un second niveau de surveillance des élections, confié aux partis politiques et aux listes indépendantes. Dans le souci de limiter ou d'empêcher la fraude électorale, l'urne opaque sera remplacée par une urne transparente. Le reste, c'est-à-dire certains détails de garantie de la transparence et de l'honnêteté des scrutins, présentés comme des évolutions, ne sont en fait que des reproductions. Il en est ainsi de l'écriture à l'encre Indélébile, de la remise aux candidats de copies des listes électorales et des procès-verbaux de dépouillement. Sans oublier l'obligation pour l'Administration de motiver les rejets de listes, les possibilités de recours et la présence dans les bureaux de vote de cinq représentants de partis et des Indépendants. Et sans omettre aussi, la répression de la fraude électorale, des tentatives de corruption ou d'intimidation d'électeurs, largement détaillées dans le code électoral en vigueur. Autre évolution, l'obligation faite aux partis de mettre un tiers de femmes sur les listes électorales. Cette contrainte découle de l'inscription dans le marbre constitutionnel de la discrimination positive, à l'avantage des femmes, dans les assemblées élues. Il est même fait état de l'octroi d'un tiers de sièges aux candidates. Seulement, cette obligation n'en est finalement pas une du fait même d'être conditionnée par «le classement nominatif sur la liste concernée». Admirons donc la jolie pirouette linguistique pour faire oublier la restriction politique ! Car le nouveau code électoral ne fait pas obligation aux partis et aux indépendants de mettre un tiers de femmes en position d'éligibilité sur les listes. Bref, une telle profession de féminisme démocratique ne mange pas de pain. Elle pourrait même avoir un goût de promesse de Gascon. Toute chose étant relative par ailleurs, le régime, malgré quelque progrès, fait finalement du neuf avec de l'ancien. Il s'oblige surtout à respecter ses propres lois antérieures. Là est, peut-être, le vrai progrès. N.K.