Synthèse de Lyès Ibalitène C'est dans un climat morose et sous l'effet de la crise financière que les constructeurs automobiles se donnent rendez-vous au Mondial de Paris qui ouvrira ses portes au grand public samedi prochain. Marché en berne en Europe et aux Etats-Unis, hausse du pétrole, préoccupations environnementales, les défis sont nombreux et multiples à se dresser en face des acteurs de l'automobile. Ces derniers tentent de se redéployer en conséquence et de réactiver l'intérêt des consommateurs en tentant d'innover par des offres qui concernent particulièrement la voiture propre qui sera l'une des vedettes au palais des expositions de la Porte de Versailles du 4 au 19 octobre. Dans le même objectif, les constructeurs joueront également sur les nouveautés avec quelque 90 modèles annoncés sur ce registre. Ce qui ne semble pas être suffisant pour convaincre et stimuler le marché, selon les analystes. «C'est une période très difficile» avec «une demande qui fléchit sur les marchés clés et un crédit plus difficile à obtenir pour acheter les véhicules» en raison de la crise financière, souligne Mark Fulthorpe, expert automobile chez CSM Worldwide. «Lancer de nouveaux modèles dans ce contexte n'est pas l'idéal», observe-t-il. De son côté, l'assureur-crédit Euler Hermes estime que «la demande mondiale d'automobile devrait stagner en 2008». En Europe de l'Ouest, un repli de 4% est attendu alors qu'aux Etats-Unis, le recul atteindrait 15%. Bertrand Rakoto, analyste chez RL Polk, n'attend «pas de mieux à court terme». «Personne n'est vraiment très optimiste et chacun revoit ses prévisions à la baisse», relève-t-il. En 2009, «normalement, on produira moins et on vendra moins». Quant à une reprise, il évoque «plutôt 2010, mais avec des réserves selon l'issue de la crise financière». Pour sa part, Emmanuel Bulle, analyste automobile de l'agence de notation Fitch, souligne toutefois que «l'automobile est une industrie cyclique». Mais la question aujourd'hui est de savoir si «la baisse est cyclique» ou un phénomène «plus structurel», poursuit-il. Dans ce contexte, les grands constructeurs s'efforcent de coller aux évolutions des consommateurs, aujourd'hui préoccupés de la hausse du prix des carburants et plus sensibilisés à l'environnement. «Le budget essence impacte l'automobile» avec des consommateurs qui «roulent moins et changent moins de véhicule», ce qui peut tirer vers le bas les intentions d'achats, ajoute Bertrand Rakoto. Au prix élevé se joint la volatilité des cours du pétrole qui est également un facteur d'attentisme chez les consommateurs, selon Mark Fulthorpe. D'où l'attitude des constructeurs à opter pour les petits modèles, plus économes en carburant et moins émetteurs de C02, poussés par les nouvelles réglementations en vigueur comme le bonus-malus en France et celles qui se préparent à l'échelon européen. Et les petits modèles, ils seront également à l'honneur chez plusieurs constructeurs au Mondial de l'automobile.