Photo : M. Hacène Par Wafia Sifouane Portée par la vague du Panaf qu'a célébré l'Algérie du 5 au 20 juillet 2009, l'Algérie a mis le paquet concernant l'édition d'ouvrages d'auteurs d'origines africaines. Aidés dans cette démarche par le ministère de la Culture pour certains, plusieurs éditeurs algériens ont manifesté un grand intérêt pour la littérature du continent noir. Il faut dire que le Panaf a largement encouragé les algériens à se réconcilier avec leur africanité. En éditant directement des auteurs africains, ou en optant pour une coédition algéro-africaine, on a contribué à l'émergence dans notre pays de genres littéraires venus d'Afrique, ce qui a suscité la curiosité chez les lecteurs algériens qui en demandent de plus en plus aujourd'hui.Mais, deux ans après le festival panafricain, force est de constater que la fièvre africaine est retombée et que l'élan s'est interrompu. Découragés par les barrières bureaucratiques et les procédures administratives, la majorité des éditeurs algériens se sont détournés des coéditions. S'ajoute à ces écueils, le manque de volonté des véritables acteurs de la culture, à savoir le ministère de la Culture. Passionnée par le continent africain et ses cultures, la responsable des éditions Apic, qui consacre une bonne partie de ses éditions aux littératures africaines, déplore le manque d'actions de certains responsables, tout en soulignant que le travail peut cependant être entamé en attendant de trouver des solutions. «Depuis mes débuts en 2003, ce sont toujours les mêmes problèmes qui sont soulevés à chaque fois. Mais moi je pense qu'il faut commencer à travailler, faire aboutir des projets en attendant que les choses s'arrangent», déclare Mme Zenadi. «Durant ce salon, nous avons profité de l'occasion pour nous entretenir avec des éditeurs sud-africains et camerounais et nous avons pris la décision de travailler ensemble. Si on ne commence pas aujourd'hui, tout ce qu'on aura investi durant le Panaf va disparaître. Il faut arrêter de faire de la figuration car l'Afrique est omniprésente dans toutes nos activités culturelles», affirme l'éditrice.Dans cette perspective, elle ne manquera pas de souligner la nécessité d'une présence algérienne en Afrique. Il s'agira, selon elle, de planter des antennes d'organismes susceptibles d'apporter un plus à la production de livres. Elle citera pour l'exemple l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC). «Les éditeurs africains n'ont pas les moyens des algériens, c'est pour cela qu'il faut penser à être présents sur place et faire des coéditions», arguera-t-elle.Présent au stand Esprit Panaf pour présenter ses derniers ouvrages, Marcelin Vounda Etoa, responsable des éditions Clé au Cameroun a, pour sa part, évoqué les difficultés de coéditer en Algérie. «Si on veut rééditer chez nous des auteurs algériens, il faudra penser à commencer par les classiques. Mais les auteurs algériens connus sont souvent édités en France, ce qui complique la procédure. Les éditeurs français cèdent difficilement les droits car ils jugent notre marché sans intérêt pour eux. C'est un véritable cercle vicieux», dira-t-il.Rejoignant l'avis de l'éditrice algérienne, notre interlocuteur soulignera également le problème de l'absence de structures qui favoriseraient l'échange entre les pays et qui permettraient de faciliter les procédures de coédition et/ou de cession des droits d'auteur, surtout vis-à-vis de la France qui tient d'une main de fer les droits de plusieurs auteurs africains, ce qui les rend inaccessibles dans leurs propres pays et dans le continent.