Photo : Riad Par Abdelghani Aïchoun Sans un retournement de situation de dernière minute, comme c'est le cas parfois en Algérie, à partir du prochain mercato, c'est-à-dire avec le début de la phase retour du Championnat national des divisions une et deux, les clubs n'auront plus le droit de recruter plus de deux entraîneurs par saison. Une décision prise par le bureau fédéral de la Fédération algérienne de football (FAF), cet été, afin de mettre un terme à l'instabilité des barres techniques qui règne au niveau des clubs. Ainsi, les dirigeants des équipes n'auront plus droit à plus de deux entraîneurs par saison. C'est déjà considérable pour un club de football. Ailleurs, les coachs signent des contrats de plusieurs saisons. Rares sont ceux qui se séparent de leur staff technique quelques mois seulement après l'entame du travail. Rien que pour le début de cette saison (sept journées se sont déroulées pour la division une et six pour la seconde), quelques clubs ont déjà consommé trois entraîneurs. D'autres encore plus. C'est dire l'état de «délabrement» auquel est arrivé notre football. Il y a même un club qui a consommé quatre entraîneurs avant d'entamer la compétition. Donc, c'est pour freiner un peu cette logique qui consiste à changer de staff technique après chaque contre-performance que la FAF a tenté d'imposer deux coachs seulement par saison. Il faut dire que ses règlements généraux amendés cet été évoquent cette question. Dans l'article 81, on peut lire : «Pour l'exercice de leurs fonctions, les entraîneurs de club des divisions nationales une, deux et interrégions doivent disposer d'une licence délivrée par la fédération après avis de la direction technique nationale. Pour les entraîneurs des autres divisions, les licences doivent être délivrées par les ligues concernées après avis de leurs directions techniques. En tout état de cause, toute qualification d'un entraîneur ne saurait être inférieure à six (6) mois, de même qu'aucune licence ne peut être délivrée à un entraîneur au profit de plus de deux clubs par saison sportive.» Mais, qu'en est-il réellement sur le terrain ? Pour l'instant, clubs et entraîneurs font ce que bon leur semble. Rares sont ceux qui respectent la réglementation, encore moins l'éthique sportive. Dans la majorité des cas, c'est pour «fuir» la furia des supporters que les dirigeants limogent leur coach. Il est, en quelque sorte, le maillon faible. Quand il y a un mauvais résultat, c'est l'entraîneur qui paye souvent à la place des autres. C'est beaucoup plus facile de remplacer un staff technique que toute une équipe ou carrément de laisser sa place pour un autre. Seulement, les conséquences s'avèrent par la suite beaucoup plus graves. Comment un entraîneur peut-il mener à bien un groupe alors que ce n'est pas lui qui avait effectué la préparation d'intersaison ? N'a-t-on pas vu un président de club recruter un coach seulement pour le stage d'été pour le remplacer quelques semaines plus tard ? En tous les cas, il est inutile de revenir sur les multiples exemples de mauvaise gestion que connaît notre championnat tellement ils sont connus de tous. C'est pour toutes ces raisons que la Fédération algérienne de football a tenté d'intervenir en imposant -à partir du prochain mercato- deux licences d'entraîneur seulement par saison. Mais cela va-t-il pour autant régler ce problème d'instabilité des barres techniques ? Rien n'est évident du moment que c'est toute la chaîne footballistique qui ne fonctionne plus. Guidoum avait tenté d'y remédier Il faut à rappeler que l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Yahia Guidoum, avait essayé de «sévir» en concoctant un «statut» de l'entraîneur dans lequel il impose des contrats de deux ans au minimum. Seulement, une véritable polémique s'en est suivie. Entraîneurs et dirigeants de club -la majorité d'entre eux en tout cas- ont refusé cette nouvelle réglementation. Les présidents des équipes des divisions une et deux ont estimé qu'un club est dans son droit le plus absolu de limoger un entraîneur quand celui-ci fait preuve d'incompétence ou si les résultats ne suivent pas, alors que des coachs ont indiqué qu'ils n'accepteront pas de payer les frais d'une situation dont ils ne sont pas responsables. Un entraîneur, selon les détracteurs de ce statut, est censé remplir sa tâche. Si un club le limoge, il est dans son droit de chercher un autre employeur. Finalement, ce nouveau texte n'a jamais été appliqué. Par la suite, les uns et les autres ont essayé de trouver un autre mode opératoire pour mettre un terme à la valse des entraîneurs. C'est ainsi qu'on est arrivé à cette décision de n'accorder que deux licences par saison pour les clubs. Mais, on s'en souvient, durant la courte durée durant laquelle le statut de l'entraîneur élaboré par Guidoum a été appliqué, des clubs avaient changé de staff technique sans chercher à établir des licences pour leur nouveau coach. Et comme la loi ne s'applique que rarement sur le terrain –entendons par là tout le brouhaha qu'il y a sur la main courante de nos stades où il y a plus de monde que de joueurs sur le terrain– il serait très difficile aux arbitres et autres commissaires des matchs de vérifier si telle personne fait partie du staff technique ou non. N'a-t-on pas vu des entraîneurs, des adjoints, le médecin ou une autre personne sur le banc de touche utiliser un téléphone portable le plus normalement du monde ? Devant un tel cas de figure, même s'il y a interdiction d'accès au terrain pour un entraîneur qui n'a pas eu sa licence, il pourrait quand même coacher par téléphone. Cela n'est qu'un exemple pour montrer la difficulté d'appliquer cette réglementation dans un football où rien ne va plus. En tout état de cause, même s'il est clair que les problèmes d'instabilité persisteront, l'application stricte de cette nouvelle mesure pourrait limiter ce phénomène et permettre, quelque part, aux entraîneurs d'accomplir leur tâche dans une ambiance sereine loin de toute menace de limogeage au premier faux pas. Il faut dire, en dernier lieu, que cette instabilité n'est pas seulement le fait des dirigeants de club qui cherchent à se couvrir envers leurs supporters, mais parfois c'est en raison aussi du comportement de certains entraîneurs qui ne sont animés que par le seul souci d'empocher le maximum de gain financier. Il y a des coachs qui, le contrat signé, commencent à chercher des «justificatifs» pour partir. C'est pour cela que le meilleur moyen d'y remédier est de signer des contrats qui protègent les intérêts des deux parties. L'ancien entraîneur français de l'Entente de Sétif, Bernard Simondi, a indiqué lors d'une conférence de presse pour dénoncer «l'injustice» subie, selon ses dires, à l'ESS, que dans son contrat, si jamais il décidait lui-même de se séparer du club, il devait rembourser la totalité de l'argent qui lui a été payé depuis le début de sa mission. Dans le cas contraire, si c'est le club qui voudrait le limoger, ce dernier doit lui payer la totalité de son contrat, c'est-à-dire, jusqu'à son expiration. Un moyen de sauvegarder les intérêts des uns et des autres.