De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Ils étaient près de 200 hier à observer un sit-in devant le siège de la wilaya pour réclamer une distribution de logements qui tarde à venir et que tous attendent avec impatience. Il faut dire que les protestataires vivent dans des conditions très précaires à Boukhadra, un bidonville situé à l'entrée Est de la ville de Annaba. Un bidonville né au début des années 70 suite à un exode massif des wilayas voisines qui a vu des centaines d'habitants s'installer à la périphérie, attirés par la possibilité de trouver des emplois au complexe sidérurgique d'El Hadjar ou dans d'autres entreprises. Depuis, le bidonville s'est «développé», une expansion qui a squatté le flanc de toute une montagne pour ensuite s'étendre en contrebas jusqu'à frôler la ville. Une grande partie de ces habitants dont le nombre dépasse aujourd'hui les 10 000 a déjà bénéficié de logements dans le cadre de différentes formules, RHP, logement évolutif, social ou LSP. Mais cela n'a pourtant pas suffi puisque le bidonville en question a entre-temps «grossi» et la demande a explosé à telle enseigne que les logements achevés ou en construction ne peuvent suffire à résorber ces habitations précaires. Les protestataires qui ont manifesté hier leur mécontentement sont restés près de 3 heures devant la wilaya, assis ou debout discutant calmement sans cris ni heurts attendant que les autorités locales les reçoivent. Les policiers en faction observaient et surveillaient sans intervenir, postés un peu partout, particulièrement près de l'entrée du siège de la wilaya. A notre arrivée sur les lieux, nous avons été très vite assaillis par les habitants qui voulaient parler de leur situation. «Ecrivez ce que vous avez vu, nous manifestons dans le calme, il n'y a aucun dépassement ou de propos déplacés, nous respectons tout le monde, nous voulons seulement être entendus, nous dit un vieux. C'est un cri de détresse que nous lançons ici à travers votre journal, nous demandons juste que M. le wali ordonne au chef de daïra de rendre publiques les listes des bénéficiaires. Nous attendons depuis des années et nous voulons passer cet hiver dans des logements décents.» Il y avait là des femmes, des enfants, des jeunes, des moins jeunes rassemblés sur le trottoir juste en face de la wilaya. Parfois des youyous fusaient suivis d'applaudissements puis le calme reprend le dessus et tout redevient normal. Finalement, le wali a reçu une délégation de 5 personnes issues des rangs des protestataires et désignés par ces derniers pour les représenter. Des assurances ont été données par le commis de l'Etat pour une prochaine distribution et le sit-in a été levé sans qu'il n'y ait eu d'intervention ou heurts.