Les constructeurs automobiles allemands continuent d'engranger des milliards d'euros de bénéfices, sereins face aux turbulences qui inquiètent leurs concurrents, dont certains annoncent des suppressions d'emploi. Jeudi dernier, Daimler et Volkswagen ont confirmé tous deux qu'ils visaient de nouveaux records financiers cette année. Volkswagen s'est même surpassé, puisqu'en neuf mois ses profits ont déjà dépassé ceux de l'ensemble de l'année 2010. Son bénéfice opérationnel a atteint 9 milliards d'euros entre janvier et septembre. Quant au numéro un mondial de la voiture haut de gamme, le bavarois BMW, qui doit présenter ses résultats trimestriels la semaine prochaine, il a annoncé, début octobre «être certain que la dynamique positive des ventes allait se poursuivre au quatrième trimestre». Il s'est fixé l'objectif de vendre un nombre record de 1,6 million de voitures cette année. Cette sérénité contraste avec les annonces prudentes, voire franchement pessimistes, des concurrents étrangers, inquiets de la détérioration de l'économie. La bonne santé des constructeurs allemands se lit aussi dans les cours de bourse : Volkswagen a progressé de 4% depuis le début de l'année à Francfort, et BMW a gagné 1,7%. Seul Daimler a chuté d'un quart. En comparaison, la valeur boursière de Renault a fondu d'un tiers, celle de Peugeot de 40%, Fiat de 34% et Toyota de 19%. «D'autres marchés, d'autres clients, d'autres structures» : tel est le secret des constructeurs allemands, juge Albrecht Denninghoff, analyste à la banque Silvia Quandt. Misant sur la qualité et le haut de gamme, «les voitures allemandes sont achetées par des clients moins sensibles aux prix», et leurs constructeurs peuvent mieux répercuter le renchérissement des matières premières et les coûts de développement. Contrairement à Renault et Peugeot, «ils sont très mondialisés», mieux placés en Europe, où le marché allemand est l'un des seuls encore en croissance, mais également en Amérique du Nord et en Chine. Volkswagen, BMW et Daimler récoltent les fruits d'une politique de réduction des coûts, moyennant une importante modération salariale depuis dix ans et produisent davantage hors d'Allemagne. Ils sont ainsi «plutôt mieux préparés face à une crise», ajoute M. Denninghoff. Engagé dans une course à la taille, il a racheté tour à tour Porsche, le constructeur de camions MAN, ainsi qu'une part minoritaire dans Suzuki. Il bataille avec BMW pour contrôler SGL Carbon, l'un des seuls producteurs mondiaux de fibres de carbone. Volkswagen pourrait rapidement devenir le numéro un mondial de l'auto, peut-être dès cette année pensent quelques analystes. L'allemand détrônerait alors l'américain General Motors, pas encore totalement remis de la dernière crise, et Toyota, qui a souffert du séisme et du tsunami au Japon. R. A.