Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Née le 16 février 2004 pour soutenir et appliquer sur le terrain le programme quinquennal du président de la République, aussi bien durant son deuxième mandat, contre le FLN version Benflis, majoritaire à l'APN, qu'après sa réélection en 2009 pour la poursuite dudit programme, l'alliance présidentielle a, en fait, commencé à battre de l'aile en 2006. On se souvient du coup de force opéré par le FLN, avec le soutien du MSP, contre le RND et son secrétaire général pour le faire démissionner de son poste de chef du gouvernement. Il a même été question, à l'époque, d'empêcher Ahmed Ouyahia de présenter la déclaration de politique générale sous peine de brandir une motion de censure qui ferait tomber l'ensemble de l'exécutif. Pourtant, à chaque fois que la question leur était posée sur le devenir de l'alliance à la suite de quelques couacs qui la touchaient, les trois partis la composant (FLN, RND, MSP) rétorquaient à l'unisson que «l'alliance se porte très bien». Les trois leaders se qualifiaient «d'amis et frères». L'annonce des réformes politiques par le chef de l'Etat, en avril dernier, à travers la révision de plusieurs textes de loi, a finalement fait tomber les masques. Et c'est à la Chambre basse du Parlement que la messe a été dite. Le FLN, traversé par une crise interne, n'arrive plus à maintenir la cohérence qui le caractérisait, du moins en apparence. Surtout depuis l'émergence d'une dissidence qui a créé le mouvement de redressement et cette troisième voie qui veut le départ de Belkhadem, la modernisation et le rajeunissement du parti. Cette incohérence s'est traduite dans les débats des projets de lois sur les réformes politiques voulues par le président de la République. Le FLN a réussi à faire capoter les plus importantes dispositions qui allaient donner le la à ces réformes et faire basculer l'Algérie progressivement vers de meilleurs horizons sur le plan politique et la moralisation de la vie politique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'alliance présidentielle qui se revendiquait du programme du chef de l'Etat et déclarait soutenir inconditionnellement les réformes qu'il a annoncées le 15 avril dernier, était en rangs dispersés. Chacun des trois partis a joué son va-tout, mettant de côté leurs engagements. Le deuxième parti de l'alliance, le MSP en l'occurrence, brandit depuis longtemps sa menace de quitter cette structure. En adoptant une position abstentionniste sur les projets de loi sur l'incompatibilité du mandat parlementaire, le quota des femmes sur les listes électorales et le régime électoral, le parti dirigé par Aboudjerra Soltani a confirmé son départ de l'alliance. Mais c'est la position du RND qui a étonné plus d'un. Les députés de la formation de Ahmed Ouyahia, et sur instruction de celui-ci, avaient reçu comme consigne de voter les textes tels qu'élaborés par le gouvernement sans y changer la moindre virgule. Qu'elle ne fut la surprise des observateurs de constater qu'ils ont soutenu les élus du FLN lors du vote. Lui donnant ainsi la majorité absolue qu'il ne pouvait pas avoir, le MSP s'étant abstenu, préférant satisfaire son électorat, voire s'allier avec les autres partis islamistes. Certains ont interprété le vote du RND comme une bouée de sauvetage au gouvernement, mais surtout à son chef en la personne de Ahmed Ouyahia. En somme, l'alliance a véritablement volé en éclats. D'ailleurs, des élus du RND nous ont confié, mercredi dernier, que le SG du parti leur a confirmé la disparition de cette structure qui titubait, ses dirigeants se lançant sans cesse des attaques et des pics à chaque occasion qui se présentait à eux. Les positions adoptées par chacun des trois partis n'ont pas d'autre signification que celle de se projeter dans l'avenir, à savoir les prochaines législatives, mais surtout les présidentielles de 2014. De l'opportunisme pur et simple. Cela signifie également que le patron de l'Exécutif, qui est le président de la République, ne peut plus compter sur cette majorité qui a fait capoter les réformes et vider les textes de leur substance. Dès lors, il faut s'interroger sur le maintien de cette assemblée à quelques encablures des élections. A moins que le Sénat ne rectifie le tir en bloquant les lois pour les faire examiner par une commission paritaire regroupant les membres des deux Chambres du Parlement, ou que le chef de l'Etat demande une deuxième lecture.