La crise de la dette européenne, qui a de lourdes conséquences sur les économies de la région avec la baisse de l'activité, la chute des taux de croissance et des marchés boursiers, a suscité, ces dernières semaines, une grande méfiance à l'égard de la zone euro. La crainte d'un possible éclatement de la zone euro se fait de plus en plus ressentir. De même que l'inquiétude sur la contagion de cette crise de la dette souveraine vers d'autres régions et son impact sur les partenaires de l'Europe. Aujourd'hui, tous les indicateurs montrent que seule l'Allemagne continue à inspirer confiance en dépit des gages politiques donnés, aussi bien par Rome que Madrid et Athènes, après les changements opérés sur ce plan.Face à cette situation préoccupante, l'avenir est à l'intensification des relations intermaghrébines pour réduire la vulnérabilité face aux chocs extérieurs.Dans ce sillage, la question liée au renforcement des outils de défense contre les conséquences de cette crise se pose avec acuité, notamment dans la région du Maghreb dont les échanges avec l'Europe restent importantsComment donc améliorer ces outils ? La problématique concerne aussi bien le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, la Libye et la Mauritanie. Des pays qui n'ont pas encore réussi à concrétiser le projet de l'Union du Maghreb arabe (UMA) conomiquement, pour des raisons multiples. Si la volonté d'aller vers ce bloc régional revient régulièrement dans les discours politiques et dans les revendications des hommes d'affaires de ces pays, concrètement le chantier patine. Et pour cause, beaucoup de pas attendent d'être franchis pour construire cette zone où les richesses sont tout de même importantes. De l'agriculture à l'énergie en passant par les services, les pays du Maghreb recèlent des potentialités économiques qui ne demandent qu'à à être exploitées. Or, les efforts dans ce sens restent timides. Preuve en est la faiblesse des échanges entre ces pays qui «commercent» beaucoup plus avec leurs voisins de la rive Nord de la Méditerranée, aujourd'hui en pleine crise. Une crise qui, en plus d'avoir frappé la communauté maghrébine en Europe, est venue dévoiler l'absence d'un marché intermaghrébin. Bien avant l'éclatement de cette crise, les experts ont relevé cette lacune et ont même appelé les pays du Maghreb à assurer les bases de ce marché. Cependant, les décisions ne sont pas venues et les révolutions qu'ont connues cette année la Libye et la Tunisie ont encore pénalisé les échanges économiques et retardé la création des institutions représentatives du Grand Maghreb. C'est le cas pour la Banque maghrébine d'investissement, annoncée, il y a plusieurs années, sans pour autant voir le jour.La crise, qui secoue actuellement la zone euro, devrait donc pousser les pays de la région à accélérer ce genre de projets, pour créer un ensemble régional économique fort capable de freiner les conséquences d'une telle crise et de mettre en place les bases d'une économie maghrébine productive et créatrice d'emplois. D'autant que le dénominateur commun entre les pays de la région est le défi de réduire le chômage. L'intégration économique pourrait justement améliorer la situation du marché de travail dans cette zone où sont très nombreuses les familles qui comptent sur les envois de l'immigration pour vivre. Maintenant que la crise européenne, qui a touché les principaux partenaires européens du Maghreb, risque de s'installer dans la durée, l'occasion est à saisir pour diversifier les partenaires du Maghreb en commençant par l'intégration intra et interrégionale. S. I.