Photo : S. Zoheir Par Hassan Gherab Quand un touriste débarque, la première chose qu'il cherche après les structures d'accueil, ce sont des renseignements sur les lieux où il pourrait découvrir l'art culinaire de la ville ou de la région visitée et déguster un plat traditionnel de la cuisine locale ainsi que les endroits où se vendent des «souvenirs» du pays, comprendre l'artisanat. Evidemment, des «locaux» s'intéressent aussi aux objets artisanaux qu'ils acquièrent pour la décoration, l'ameublement ou pour offrir aux amis à l'étranger. Mais le gros des ventes est assurément enregistré avec les touristes.C'est là le seul rapport qu'a l'artisanat avec le tourisme. Pourtant, c'est de ce ministère qu'il dépend aujourd'hui, après être passé par les tutelles de la Culture et de l'Industrie. On pourrait croire qu'après ce passage par trois ministères, le secteur de l'artisanat verra logiquement tous ses problèmes résolus. Il n'en est rien, et l'artisanat se retrouve toujours dépendant d'un autre secteur, celui auquel il est rattaché. Il est vrai que l'Etat a accordé des mesures d'aides aux artisans, mais si la production est relativement boostée, il n'en est rien de la commercialisation et de la labellisation qui sont nécessaires, voire vitales. Les artisans se plaignent toujours du manque et/ou de la cherté des matières premières et des intrants dont certains sont importés et gonflent le prix de revient de leurs produits, rendant ainsi leur vente plus ardue, surtout en l'absence de touristes. A ce problème s'ajoute celui de la déloyale concurrence des manufactures, souvent implantées à l'étranger d'ailleurs, produisant à la chaîne des objets qui concurrencent le produit artisanal, par le prix. Car, pour ce qui est de la qualité, il n'est nul besoin de dire que la valeur d'un objet artisanal est dans son unicité et qu'une machine produit des milliers de pièces qui se ressemblent toutes comme autant de gouttes d'eau.L'artisanat se retrouve ainsi très fortement dépendant du tourisme, le véritable marché où le produit est considéré à sa juste valeur, tant par son prix que par sa qualité. Mais les artisans ont aussi besoin du soutien d'autres secteurs pour l'ouverture d'ateliers dans les ksour, les casbahs restaurées et les quartiers historiques, la labellisation de leurs produits, l'accès aux crédits, les facilitations pour l'importation des intrants et équipements…Et ce ne sont pas des journées et des salons se limitant à exposer des produits artisanaux qui pourront résoudre les problèmes du secteur. Pourtant, le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Smaïl Mimoune, est convaincu du contraire. Il a, d'ailleurs, indiqué, lundi dernier, à Djelfa, que l'organisation des récents salons nationaux des industries artisanales sur l'ensemble du territoire national s'inscrivait dans le cadre de la politique visant la promotion de l'artisanat local. «Malgré le problème de commercialisation soulevé par les professionnels de l'artisanat, les Salons nationaux organisés à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'artisanat, se veulent un espace de promotion des produits locaux», a-t-il affirmé ajoutant que les structures artisanales réalisées ou en cours de réalisation «joueront un rôle éminent dans la promotion de la production et la formation pour préserver le patrimoine». Mais à quoi donc ça servirait de promouvoir la production et de former une relève quand l'artisan n'arrive toujours pas à vendre ses produits ? La commercialisation est vitale, à ce titre elle doit être considérée comme une priorité. Quand le produit artisanal se vendra, le métier ne pourra que devenir intéressant et attirant. Dès lors, les problèmes de la promotion et de la formation seront à moitié résolus. La prise en charge de l'artisanat est, en fait, une autre histoire de charrue, de bœufs et d'attelage inapproprié.