L'état sioniste emboîte le pas à la France et étudie un texte qui reconnaîtrait le génocide arménien. Loin d'être une entreprise innocente, cette démarche des députés sionistes ne pourrait qu'aggraver une situation déjà tendue avec la Turquie. Une commission parlementaire israélienne a débattu, hier, un texte reconnaissant le génocide arménien. La commission de l'Education a, donc, tenu une discussion publique sur le thème de «La reconnaissance par le peuple juif du génocide arménien». Une telle mesure avait déjà été débattue ces dernières années en commission parlementaire, mais les discussions s'étaient déroulées à huis clos. Hier, des députés, des historiens et des membres du Comité arménien de Jérusalem ont insisté sur l'obligation morale pour Israël de reconnaître comme un génocide le massacre des Arméniens sous l'Empire ottoman, en 1915. La commission n'a cependant pris aucune décision sur cette question qui fera l'objet d'autres réunions. Le Parlement israélien a déjà rejeté plusieurs propositions similaires, ces dernières années, quand Israël et la Turquie entretenaient des liens étroits. Les relations des deux pays se sont tendues depuis que la marine israélienne a tué neuf militants pacifistes turcs en mai 2010, lors de l'arraisonnement d'une flottille qui tentait de briser le blocus de Gaza. En octobre, la Turquie a expulsé l'ambassadeur israélien à Ankara et rompu ses contrats militaires et de défense avec Israël. Le président de la commission, Alex Miller, a prévenu, en début de réunion, que le débat porterait sur les aspects «éducatifs et académiques» de la question, comme la manière d'enseigner ces massacres, plutôt que sous les angles diplomatiques et sécuritaires. Une représentante du ministère des Affaires étrangères, Irit Lillian, a, cependant, mis en garde contre les répercussions d'une éventuelle reconnaissance du génocide arménien par Israël sur les relations «si fragiles» avec la Turquie. «Par le passé, il ne fallait pas soulever la question parce que nous avions de bonnes relations avec la Turquie. Maintenant, il ne faut pas le faire parce que nos relations avec elle sont mauvaises. Quand est-ce que ce sera le bon moment ?», a relevé Arié Eldad, l'un des députés à l'origine de la réunion. Le présumé massacre de centaines de milliers d'Arméniens en 1915 a été reconnu en 1985 comme un génocide par l'ONU, mais la Turquie rejette fermement cette qualification, évoquant des morts dans les combats et les déportations, mais pas une volonté d'extermination. Ankara a vivement réagi, la semaine dernière, à l'adoption par l'Assemblée nationale française, qui a déjà reconnu le génocide arménien, d'une proposition de loi pénalisant la contestation d'un génocide, en annonçant un gel de sa coopération militaire avec la France, rappelant son ambassadeur à Paris, et rafraichissant à son tour la mémoire des Français en leur rappelant leur génocide en Algérie. R. I.