Le coup de théâtre que nous annoncions comme probable dans notre précédente édition a eu finalement lieu, mais en partie seulement. Les membres du Madjliss Echoura du Mouvement de la société pour la paix ont décidé que le parti se retire de l'Alliance présidentielle. Ce n'est pas en fait une surprise puisque cette alliance était gelée depuis plusieurs mois et donnée par les observateurs pour dissoute. Cela en dépit des déclarations du secrétaire général du FLN qui annonçait, il n'y pas si longtemps, que l'Alliance «allait bien». Cependant, le MSP, et cela aussi d'aucuns le prédisaient, n'a pas eu le courage d'aller plus loin. En effet, il ne retire pas ses quatre ministres du gouvernement. Le bras de fer entre les quatre ministres et le président de ce parti s'est poursuivi, les premiers rejetant toute idée de démission du gouvernement, estimant que ce n'est pas le parti qui les a nommés, mais le président de la République. Dès lors, ils excluent toute idée de démission. Pourtant, à la veille de la tenue du conclave, le président du MSP avait indiqué que la démission des quatre ministres était déjà sur son bureau et n'attendait que le feu vert du Madjliss Echoura. Sauf que tout le monde sait que si les ministres venaient à quitter le gouvernement, c'est au chef de l'Etat qu'ils remettraient leur démission et non au parti. Selon des sources proches du Madjliss, les ministres ont convaincu la plus haute instance du parti entre deux congrès qu'ils ne verraient pas d'inconvénient à ce que le parti se retire de l'Alliance présidentielle. Allant ainsi à contre-courant d'une partie de la direction du MSP qui estime que se retirer de l'Alliance sans démissionner du gouvernement n'avait pas de sens. Boudjerra Soltani, dans un double langage, avait déclaré, lors de l'ouverture du Madjliss Echoura, que «rester dans l'Alliance, c'est encourager la médiocrité».Toutefois, il a édulcoré son discours en disculpant le chef de l'Etat et en chargeant ses alliés que sont, jusqu'à présent du moins, le FLN et le RND, qu'il a accusés d'avoir torpillé les réformes politiques proposées par le président de la République et de les avoir diluées. Ce qui, pour lui, va encourager la fraude. Dans ce sens, il a appelé à la constitution d'un front anti-fraude. Le président du Mouvement a eu finalement raison de ses «opposants». En somme, le MSP veut se poser lui-même comme majorité parlementaire du président de la République, puisqu'il se dit certain qu'il sera la première force politique après les législatives. Cela veut dire que le mouvement de Mahfoud Nahnah fera sien le programme de Bouteflika, tout en se présentant avec son propre programme aux prochaines législatives. Enfin, le Madjliss Echoura a exigé la démission du gouvernement et la nomination d'un autre composé de technocrates chargé de préparer les élections. Cette exigence confirme le double langage du MSP, voire son hypocrisie politique. Il ne fait pas démissionner ses ministres de l'Exécutif dirigé par Ouyahia, mais il exige la formation d'un autre gouvernement, où ses ministres ne figureraient pas.