Même s'il est évident qu'il reste encore beaucoup à faire pour résorber la crise du chômage, le bilan de la situation de l'emploi pour l'année 2011, présenté samedi dernier par un Tayeb Louh visiblement enchanté, a de quoi rassurer sur les résultats obtenus par la politique de l'emploi poursuivie depuis une dizaine d'années et est de nature à calmer quelque peu la crainte des actuels et futurs demandeurs d'emploi. Ce n'est, en effet, pas tous les jours que le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale nous annonce d'une traite la création de plus de 128 000 postes de travail en 2011 (ce qui représente une augmentation de 70% par rapport à 2010), la réalisation de 61 111 projets dans le cadre de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes et de la Caisse nationale d'assurance chômage (qui portent à 222 453 le nombre total des PME créées depuis la mise en place des deux dispositifs, qui ont engendré 570 406 postes de travail directs), l'insertion de 666 810 jeunes diplômés (contre 273 141 en 2010) et le recrutement de 50 000 jeunes dans le cadre du contrat de travail aidé. Le ministre ajoute que 100 000 postes de travail sont créés chaque année grâce au travail de médiation et de placement effectué par l'Agence nationale de l'emploi (Anem) auprès des entreprises économiques et qu'en matière de formation professionnelle, 9 716 jeunes demandeurs d'emploi âgés de 16 à 20 ans (dont 1 430 jeunes au cours de 2011) ont bénéficié d'un cycle de formation dans le cadre d'un accord conclu avec le ministère de la Formation professionnelle. C'est dire que, vu sous l'angle de ces chiffres et données statistiques, Tayeb Louh a de quoi se réjouir, d'autant que le FMI a déjà relevé que le taux de chômage avait connu des baisses consécutives en Algérie depuis 2009 en passant de 10,2% à 10% l'année suivante et, enfin, à 9,8% en 2011. Pourtant, des spécialistes du monde du travail et des observateurs nettement moins optimistes que le ministre de l'Emploi défendent d'autres thèses et s'appuient sur d'autres paramètres. Selon eux, la réalité de l'emploi est très différente de ce que les autorités voudraient nous faire accroire, le taux de chômage réel est plus élevé que les données officielles et les emplois «artificiellement» créés ne sont ainsi ni productifs ni créateurs de valeurs. En un mot, l'Algérie compterait plus de chômeurs que les pouvoirs publics veulent nous le laisser entendre (leur nombre se situerait entre 20 et 30%), la création d'entreprises serait en recul et la quantité de postes de travail «ouverts» ces dernières années répond au seul souci d'atteindre l'objectif «politique» des trois millions d'emplois à l'horizon 2013 sans que ces emplois consolident le tissu économique algérien. En attendant un débat qui mettrait fin à cette éternelle guerre des chiffres, les jeunes Algériens continuent, eux, de mettre en doute les assurances des uns et les dénégations des autres. S. O. A.