Les jours se suivent et se ressemblent pour les Algériens qui continuent de se battre contre les vicissitudes d'un quotidien pénible et de lutter pour accéder à une vie meilleure. Travailleurs, étudiants ou chômeurs de tous âges et des deux sexes n'hésitent plus à recourir à la grève pour exprimer leur ras-le-bol et exiger des conditions de vie auxquelles les richesses et ressources de leur pays (et le train de vie d'une certaine catégorie de la société) leur permettent de rêver.En Kabylie, où les populations s'apprêtent à manifester contre l'absence d'aide en ces moments de grand froid, à El-Tarf où des lycéens ont décidé de boycotter les cours pour réclamer des chauffages dans les classes pendant que leurs camarades de terminale d'autres régions luttent pour un allégement des cours, à Skikda et Laghouat où des chômeurs se battent pour avoir un poste de travail qui leur ouvrirait des perspectives d'avenir, à Oran où des travailleurs de la Sogedia ont menacé d'un suicide collectif si leurs salaires des quatre derniers mois ne leurs sont pas versés et où des enseignantes du Centre d'enseignement administratif (CFA) lancent un cri de détresse face au danger d'une expulsion imminente, par ce froid glacial, des logements d'astreinte, à Alger et dans d'autres wilayas où les hospitalo-universitaires persistent à exiger une commission d'enquête sur les pénuries de médicaments dans un contexte marqué par la hausse de la facture des importations des produits médicaux, ou encore à Sidi Aïch où des citoyens bloquent fermement la route pour obtenir des bonbonnes de gaz (un comble pour un pays producteur de gaz)…, le front social est en ébullition et, à quelques encablures des élections législatives, les sujets de campagne ne manquent par pour les futurs candidats.Cette grogne quasi-générale est d'autant plus compréhensible que ces crises sont récurrentes et que toutes les fois qu'un conflit est «provisoirement» réglé, les pouvoirs publics n'hésitent jamais à annoncer de manière péremptoire que «toutes les dispositions ont été prises pour éviter que les Algériens ne revivent pareille situation.» Ce qui n'est, évidemment, pas vrai puisque les problèmes ne sont pratiquement jamais résolus à la racine et qu'il suffit de quelques semaines, voire quelques mois, pour que les mêmes citoyens remontent au créneau pour porter les mêmes revendications. Depuis combien de temps des élèves et leurs parents réclament-ils des classes chauffées, que des travailleurs réclament leurs salaires et des chômeurs un poste de travail ? Et combien de fois n'avons-nous pas entendu les responsables concernés rassurer sur la généralisation des chauffages dans les établissements scolaires, le versement immédiat des salaires en retard et la mise en place de mécanismes pour éviter que pareilles anomalies ne se reproduisent, ou encore moins de bureaucratie et davantage de transparence dans la création et l'attribution des emplois ? Et, actualité politique oblige, combien de promesses les élus sortants et leurs prédécesseurs en campagne n'ont-ils pas servies à des Algériens partagés entre l'espoir et le doute, avant de changer de veste et de numéro de téléphone une fois dans les travées de l'Hémicycle ?Les promesses qui, il y a quelque temps, parvenaient à calmer les colères et à arracher le bénéfice du doute, à défaut de gagner la confiance, ne suffisent plus aujourd'hui.Les prochains parlementaires sont prévenus… S. O. A