La compétition électorale n'est pas encore entamée que des signes de dérives sont déjà là. Avant même que ne soit établie une esquisse de décantation sur les potentiels participants à la joute électorale du 10 mai prochain. Cette dernière, présentée comme une bataille ouverte par le régime et ses relais politico-médiatiques, donne manifestement des appétits sans frontières à certains acteurs. Certains nous annoncent ainsi qu'ils seront les vainqueurs incontestables et incontestés à l'heure des décomptes. D'autres s'attaquent frontalement à leurs prétendus adversaires politiques. Tout cela sans produire le moindre discours politique digne de ce nom. Il n'y a manifestement de place que pour la haine et l'invective. Pourtant, nul besoin d'une érudition politique pour comprendre que la haine et l'exclusion de l'autre ne constituent jamais une identité, ni un programme politique. Le bon sens nous rappelle constamment, par ailleurs, que l'exclusion est le propre de celui qui manque d'arguments. L'ambiance de la précampagne électorale pour les législatives de 2012 est visiblement annonciatrice d'un climat peu favorable à l'exercice politique. D'où la négation de l'autre est toute indiquée pour prendre le dessus sur le débat d'idées et la force de l'argument. Il y a manifestement des raisons de craindre que l'indécision qui caractérise ces élections législatives -conséquence d'une animation politique sciemment biaisée et de scrutins antérieurs constamment minés par la fraude-, ne génère pas une course saine. Car, cette soudaine «libéralisation» mais néanmoins contrôlée, de l'espace politique, n'a pas manqué de donner des ambitions démesurées aux postulants. D'où ce recours dangereux, emprunté par de nombreux «politiques», à la haine et à l'accusation. C'est à cet ignoble et irresponsable exercice que se livrent de nouveaux porte-paroles de la haine en accusant les «autres» d'être financés par des pays étrangers. C'est à croire que lesdits pays, objets de soupçons injustifiés, s'intéresseraient plus que les Algériens au fonctionnement des partis politiques de chez nous. Or, ce genre d'exercice n'apporte rien à la chose politique. Bien au contraire, c'est le terrain fertile pour l'extrémisme, qui s'exprime sous diverses formes. Les promoteurs de l'exclusion sont d'ores et déjà sur le front, avant que le coup d'envoi de la partie ne soit donné. Et ceux qui étaient incapables de donner un nom au malaise que vivent les Algériens et la difficulté qu'ils trouvent à se reconnaitre dans les institutions de l'Etat, sont toujours là pour décréter aux gens que c'est la faute à l'autre. Cet ennemi interne, encouragé par l'ennemi de l'extérieur, qu'il conviendrait d'invectiver. On se retrouverait, au final, encore une fois, devant la tyrannie de l'exclusion et de la haine. A. Y.