La scène politique nationale s'anime quelque peu ces dernières semaines avec en toile de fond l'élection présidentielle prévue début avril.Une échéance qui, fondamentalement, constitue un événement majeur, une halte décisive dans le calendrier politique national. Pour tout aspirant à la magistrature suprême, et donc prétendant à la conquête du suffrage populaire, l'échéance est une sorte de révélateur.Elle permet, par la voie des urnes et leurs voix, de déterminer l'implantation de chaque parti et la dimension des candidats.Le challenge est donc tout sauf aisé, et le bénéfice de la confiance issue des urnes sera le fruit d'un travail de fond méticuleux, d'un investissement de tous les instants des hommes et des femmes politiques qui briguent un destin national. L'approche de l'élection devrait être une sorte de point d'orgue, et à ce titre, les candidats à la candidature seraient dans la peau du marathonien qui voit se profiler la ligne d'arrivée, même s'il ne sait encore dans quel ordre il va la franchir, ni ne connaît le chrono qu'il va réaliser.A quelque deux mois du verdict, il est cependant aisé de relever que l'on s'installe dans une sorte de précampagne pour le moins atypique. Le débat et la littérature sur l'élection prennent ainsi une dimension surréaliste. Certains jettent l'éponge prématurément, d'autres se complaisent dans leur camouflage de sniper, alors que pour une certaine catégorie, la politique se résume à un exercice de formules incantatoires. De l'espoir au désespoir Le premier abandon est venu d'un candidat qui, depuis qu'il est allé à confesse pour s'être trompé de société, ne sait plus à quel saint se vouer.Installé d'une main de fer depuis vingt ans sur son piédestal, il a vu son parti se vider de sa substance, diabolisant toute voix discordante. Enfermé dans son obsession obsidionale, il excelle dans l'usage et l'abus de formules qui se veulent assassines, et qui lui tiennent de viatique politique. Démocrate autoproclamé, il est volontiers dans le personnage de Torquemada quand il s'agit de saigné et d'opérer des purges dans ses propres rangs, au demeurant de plus en plus clairsemés. Ses propos sont du reste toujours véhéments contre ceux qui ne se plient pas à ses prises de position. Hier, il diabolisait, sans autre forme de procès, ceux qui prônaient le boycott.Aujourd'hui ou demain, toujours au gré de l'humeur, il vilipendera les participationnistes quand lui décidera d'abandonner la course. Pourtant, le parti qu'il dirige sans partage depuis quatre lustres avait suscité moult espoirs, mais son implantation limitée, le manque de perspectives et la récurrence du discours l'ont émietté et relégué au rang de temple de la pensée unique. Avec 1,94% des suffrages lors de la présidentielle de 2004, le parti n'a su faire son autocritique et sa mue, et, transposition fatale dans ce cas de figure, il est tombé dans le rejet sur l'autre et la catharsis par transfert. Cultivant un syndrome paranoïaque, il entretient la sinistrose et noircit tous les tableaux, accuse les autres de déficit patriotique quand lui-même tient plus salon à l'étranger et multiplie les appels à la pression extérieure, pour pallier son désintérêt pour les meetings dans son pays et son manque d'imagination dans le débat d'idées et de propositions. Ombres et harraga Dans un autre registre, l'approche de la présidentielle permet à certains d'émerger d'une longue hibernation pour se ruer comme des ours affamés sur un pays qui s'est fait sans eux, et qu'ils considèrent encore comme une dépouille d'où ils peuvent prélever leur part. Leur palmarès tient en une carrière terne et sans relief, et, prisonniers ou nostalgiques d'une époque ou ils régnaient sans rendre compte, ils se croient investis d'une mission tutélaire. Véritables harraga de la politique, sans prise sur la société d'aujourd'hui, inconnus de la majorité des Algériens, leur existence tient à un fil, celui de l'échange épistolaire avec des journaux. Anciens hauts responsables de l'Etat, ils n'ont jamais été comptables devant le peuple, et depuis le confort douillet de leur salon, leur existence se résume à des colonnes dans des journaux. Le discours est un assemblage d'attaques contre les personnes, de ratiocinations et de preuves par l'absurde. Quand l'un s'essaye à la maïeutique, il accouche d'un tissu de contradictions et, prématurément, il avoue son fonds de commerce, qui tient en une haine aveugle contre une personne. Son discours suranné exhale la nostalgie d'une époque ou l'Armée algérienne, à qui il reproche sa mue républicaine, était confinée au rang de vulgaire agence d'embauche. Son «bug» est si puissant qu'il en perd toute lucidité d'analyse au point d'être hermétique aux pulsations de sa société. Dans le même registre, comme les scribes du Moyen-Age qui avaient un savoir encyclopédique, mais n'étaient versés dans aucune science, un autre épistolaire sévit et se livre également dans des colonnes de journaux à des réflexions qui excipent de sa qualité de salonnard invétéré, victime d'une vocation contrariée ou de ses préventions contre un homme dont, probablement, il jalouse l'aura, le charisme et le talent, mais surtout, l'engagement sans faille, suivi de résultats, pour son pays. Car c'est là, en fait, que se trouve la substance du sujet. Aux étapes considérables franchies par l'Algérie depuis dix ans, et dont il n'est pas besoin de témoigner quand il s'agit seulement de voir Alger, d'ouvrir un robinet ou de se balader à Chréa ou à Laghouat, de noter, simplement, que l'Algérie possède les plus importantes réserves de changes du monde arabe, qu'elle occupe le 11e rang dans le monde, devant la France et les Etats-Unis, à cette substance concrète attestée par le FMI, les esprits chagrins se vident, et réalisent leur inconsistance. A cela, ils répondent alors par le verbiage et le langage de la haine, et leur aveuglement confine alors à l'homicide verbal contre le pays et son institution première. Incapable et inconsistant, ils n'ont jamais affronté l'électorat algérien. Inconnus en dehors du landernau des aigris et du microcosme rentier des salons, il ne leur reste plus que la haine et l'invective comme déraison.