A l'occasion de la clôture du colloque international, qui s'est déroulé durant trois jours à la Bibliothèque nationale, marqué par la participation d'une trentaine de chercheurs universitaires pluridisciplinaires, Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (Cnrpah) a exprimé, samedi dernier, sa «satisfaction d'avoir réussi, grâce à cette rencontre, à dépasser les barrières idéologiques et linguistiques qui étouffaient l'œuvre de Feraoun, et de pouvoir aujourd'hui porter un regard humaniste sur son parcours et son œuvre», a rapporté l'APS.Cette dernière journée a notamment été marquée par plusieurs conférences et interventions consacrées à la thématique de l'audience de Mouloud Feraoun dans le monde et auprès des jeunes. A cet effet, l'écrivain et traducteur Mohamed Sari est revenu sur l'idéologie patriotique postindépendance qui a, selon lui, «marginalisé Feraoun qui n'était pas en odeur de sainteté, au regard de l'orientation politique qui s'est imposée après 1962». A contrario dès l'indépendance, des lecteurs de Feraoun, dont l'intervenant, s'identifiaient à Menrad Fouroulou, personnage principal du roman Le fils du pauvre, a souligné Mohamed Sari, rejoint par Brahim Tazaghart qui voit dans cette identification le réconfort d'un personnage familier de l'Algérien ordinaire. Il a ajouté qu'il était fier de retrouver des termes en tamazight dans les œuvres d'écrivains comme Feraoun et Mohamed Dib. Une table ronde, réunissant plusieurs écrivains et hommes de lettres algériens, a également été organisée, à l'occasion de cette dernière journée du colloque. La rencontre s'est principalement axée autour de la thématique de l'identification aux personnages des romans de Feraoun et la constitution d'un monde littéraire algérien en hommageau romancier. A propos de ce thème, Benamar Mediène a souligné que le goût littéraire «doit s'ouvrir, se libérer et s'émanciper pour pouvoir se construire une littérature algérienne». Une littérature que Rachid Boudjedra qualifie de «monde en réelle ébullition, au vu du nombre d'éditeurs, d'auteurs et du lectorat algérien en constante progression depuis l'époque des pères fondateurs de la littérature algérienne moderne». Par contre, l'écrivain et dramaturge, Arezki Metref, considère obsolète la notion de nationalité, expliquant que les frontières littéraires ne sont pas si hermétiques et que chaque auteur s'inspirait d'un ou de plusieurs de ses prédécesseurs estimant que «l'algérianité de la littérature doit assumer et cultiver sa diversité». L'émotion était également au rendez-vous lors des rencontres de cette dernière journées du colloque, au moment où plusieurs témoins ayant connu ou côtoyé Feraoun ont été invités à prendre la parole, dont Moula Hannoune, qui se souvient du jour où Feraoun l'avait personnellement accompagné dans une école, en Kabylie, pour y passer son examen d'accès au collège. L'émotion est monté d'un cran dans la salle, lors du poignant témoignage de Sid Ahmed Dendane, ancien enseignant des Centres sociaux- éducatifs et témoin oculaire de l'attentat perpétré par l'OAS (Organisation de l'armée secrète) le 15 mars 1962 contre Mouloud Feraoun et cinq de ses compagnons, et a aussi tenu à présenter son récit sur cette sanglante journée. Lors de la dernière séance de ce colloque Ali Feraoun, fils de l'écrivain, a annoncé un autre hommage à Mouloud Feraoun, prévu aujourd'hui à la fondation Mouloud Feraoun à Tizi Hibel village natal du grand homme de la littérature algérienne lâchement assassiné avec cinq autres de ses compagnons le 15 mars 1962 par un commando de l'OAS.