Consommateurs pris dans les filets des spéculateurs, pouvoir d'achat en constante dégradation et les pouvoirs publics impuissants à juguler une frénésie sans limite, alors que des dispositifs destinés à plafonner la marge bénéficiaire ont été annoncés en 2010. Rien n'arrête la cupidité des commerçants qui semblent maîtriser parfaitement le seul aspect qui les arrange dans l'économie de marché, celui de la liberté des prix. Un aspect qu'ils ont transformé en une anarchie considérable, faute de garde-fous qui protégeraient les citoyens qui sont désormais exposés à la malnutrition. Des légumes (aussi bien frais que secs) dont les prix dépassent l'entendement, la pomme de terre autrefois aliment de base des ménages s'offrant juste aux regards sur les étals, des produits de large consommation rendus inaccessibles aux faibles revenus – loin d'être une minorité - et une impuissance criarde des pouvoirs publics à réguler le marché et par-là, l'économie nationale. Les déclarations se multiplient, mais point d'actes pour concrétiser ce qui a été promis, selon la loi sur la concurrence qui prévoit «des mesures temporaires de fixation ou de plafonnement des marges et des prix des biens et services, en cas de hausses excessives et injustifiées des prix, provoquées, notamment, par une perturbation du marché, une calamité, des difficultés durables d'approvisionnement dans un secteur d'activité donné ou une région déterminée ou par des situations de monopoles naturels». L'autorité de tutelle, après des déclarations visant le plafonnement des marges bénéficiaires, demeure muette face à un tel remue-ménage dans les prix, apparemment incapable d'adopter une démarche en vue de régler une situation qui perdure, qui prend même de l'intensité. On n'est pas loin d'incriminer la gestion du secteur qui laisse libre cours aux maquignons qui ont fait main basse sur le marché de gros, et qui, comme si cette hausse ne suffisait pas, sont entrés en grève pour protester contre l'augmentation des tarifs de location des carreaux. Un débrayage qui risque d'accentuer la majoration des prix des fruits et légumes et la détresse des citoyens. R. M.