Synthèse de Rabah Iguer Les initiatives des Etats se multiplient dans le domaine économique pour faire face à la crise mondiale, alors qu'hier les marchés boursiers remontaient un peu à la surface après leur plongée de ces derniers jours. Les dirigeants des 21 pays membres du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), vont se réunir aujourd'hui à Lima. Le président américain George W. Bush, dont ce sera la dernière réunion multilatérale avant de céder le bureau ovale à Barack Obama en janvier, souhaite le soutien de l'Apec en faveur de la déclaration du G20, qui s'était réuni le week-end dernier, notamment pour éviter une montée du protectionnisme. Le bloc de l'Apec, voué à la promotion du libre-échange, concentre 41% de la population mondiale, et représente 61% du produit intérieur brut (PIB) de la planète et 47% du commerce global. Autre signe du volontarisme étatique qui se manifeste à l'heure actuelle, le gouvernement du Japon s'est dit prêt à intervenir sur les marchés si les variations des valeurs cotées ou des monnaies fluctuent trop dangereusement. «Si cela se produit, nous devons prendre les dispositions nécessaires», a déclaré le ministre japonais des Finances, Shoichi Nakagawa. Les milieux d'affaires japonais, très dépendants de la clientèle extérieure, s'inquiètent de la forte appréciation du yen et de la baisse historique de la Bourse de Tokyo. Les dirigeants japonais, sud-coréen, et chinois se réuniront par ailleurs en décembre au Japon pour discuter d'une plus large coopération afin de combattre la crise financière, a indiqué hier la présidence sud-coréenne. De son côté, la Commission européenne peaufine un plan de relance qui doit être dévoilé mercredi. Il prévoit une relance de la croissance qui représenterait 1% du produit intérieur brut de chaque Etat membre. Le président de la Commission José Manuel Barroso a rencontré jeudi dernier le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, pour évoquer ce plan qui doit être soumis aux dirigeants européens les 10 et 11 décembre. Toutefois, l'Allemagne, première économie européenne, a douché les espoirs au sein de l'UE d'une relance vigoureuse, refusant d'en faire plus malgré son budget en quasi-équilibre. La chancelière «Angela Merkel salue le principe d'un plan de relance de 130 milliards d'euros» mais pour Berlin «il ne s'agit pas de verser un sou de plus», a déclaré jeudi un porte-parole de la chancellerie. Nouveau signe du ralentissement européen, l'indice composite des directeurs d'achats (PMI) pour les secteurs manufacturier et des services de la zone euro a atteint un nouveau plus bas historique en novembre, à 39,7 points contre 43,6 points en octobre, selon une première estimation publiée hier par la société Markit. L'industrie automobile souffre particulièrement de la crise. Aux Etats-Unis surtout, où les discussions parlementaires pour venir en aide à ce secteur sont dans l'impasse. La majorité démocrate du Congrès américain s'est donné 15 jours supplémentaires pour parvenir à faire voter un plan «viable». Les «trois grands» constructeurs américains, Ford, GM et Chrysler, qui emploient à eux seuls quelque 564 000 personnes à travers le monde, essayent de convaincre le Congrès de les sauver de la faillite avec un plan de 25 milliards de dollars. Au Japon, Toyota Motor a confirmé le non-renouvellement de 3 000 contrats de travail de salariés intérimaires ou employés pour une durée déterminée, tandis que Honda a indiqué qu'il allait encore réduire de 79 000 unités sa production annuelle mondiale de voitures, dont 21 000 exemplaires en Europe, à cause de la chute des achats de véhicules due à la crise économique. Après les records de baisse de ces derniers jours, les Bourses d'Asie-Pacifique ont lancé le signal en fin de séance d'un rebond technique. A Tokyo, deuxième place financière mondiale, l'indice Nikkei a terminé la séance en hausse de 2,70%. Séoul a clôturé sur une flambée de 5,80%, tandis que Hong Kong se redressait de 2,9% et Sydney de 1,90%. Pour leur part, les principales Bourses européennes ont ouvert en hausse mais très timidement. Paris progressait de 0,83%, Francfort de seulement 0,19%, et Londres ne bougeait pas. Jeudi dernier, la Bourse de New York avait poursuivi sa descente aux enfers, l'indice Dow Jones perdant 5,56% et tombant à son plus bas niveau depuis cinq ans. Citigroup, ex-première banque mondiale, dont l'avenir est incertain, a enregistré la plus forte baisse de son histoire (-26%), au lendemain d'un premier plongeon de 23%. Les dirigeants de la banque ont mis à l'étude divers scénarios du pire, prévoyant la cession de pans entiers de la banque américaine, voire sa vente pure et simple, a affirmé jeudi le Wall Street Journal.