Les attentats meurtriers se multiplient en Syrie. Après l'attentat de Damas jeudi dernier, c'est la ville d'Alep qui a failli être ensanglantée vendredi. Les autorités auraient évité de justesse un nouveau carnage dans la deuxième plus grande ville du pays. Au même moment, la violence et la répression ne semblent pas connaitre leur épilogue, et ce, malgré le déploiement de la moitié des observateurs onusiens. Damas et Alep, les deux plus grandes villes du pays, ont été frappées par plusieurs attentats depuis décembre 2011. Les attaques se sont récemment multipliées, notamment depuis l'entrée en vigueur, le 12 avril dernier, du cessez-le-feu prévu par le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan. Ces attentats, attribués par les autorités syriennes à des «terroristes», ont été revendiqués par un groupe terroriste le Front al-Nosra. Vendredi, les autorités syriennes ont affirmé avoir déjoué un attentat-suicide à Alep. Le kamikaze, abattu «avant qu'il ne puisse perpétrer son crime terroriste», selon la télévision d'Etat, transportait 1 200 kg d'explosifs. La veille, à Damas, deux attentats à la voiture piégée avaient fait 55 morts et des centaines de blessés. Là aussi, la charge explosive dépassait une tonne. Le quotidien gouvernemental Al-Thaoura imputait, hier, la responsabilité des attentats à Al-Qaïda, soutenu par «l'Amérique et l'Occident via leur instruments dans la région : la Turquie voisine ou les émirats pétroliers». L'opposition affirme, en revanche, que les attaques sont le fait du régime qui cherche à saboter par ce moyen le plan Annan. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, accuse même les autorités de mettre en scène les attentats en mettant, notamment, sur les lieux du drame des cadavres de prisonniers. En perte de vitesse, les opposants regroupés sous la houlette du CNS ont entamé, hier à Rome, trois jours de discussions sur le renouvellement de leur équipe dirigeante. Un renouvellement qui leur permettrait de renforcer leur cohésion et d'assurer leur crédibilité auprès de la communauté internationale. Le sort du président du CNS, Bourhan Ghalioun, désigné lors de la création du mouvement en août dernier, sera au centre des débats, ont précisé à l'agence de presse britannique Reuters deux membres de la direction, Samir Nachar et Georges Sabra. Ghalioun, universitaire installé à Paris, est accusé par ses adversaires de négliger les contacts avec les groupes d'opposition à l'intérieur de la Syrie. Il lui est également reproché de ne pas avoir su unifier les diverses composantes du CNS, qui aimerait être reconnu par la communauté internationale comme le représentant légitime du peuple syrien. Sur le terrain, 145 observateurs de l'ONU sont désormais en Syrie, soit près de la moitié des 300 observateurs qui doivent être déployés à terme pour surveiller l'application d'une trêve pourtant continuellement ignorée. D'après l'Osdh, 938 personnes, dont 662 civils, ont péri dans les violences depuis le début de la trêve. Des violences qui ont fait plus de 12 000 morts en 14 mois, en grande majorité des civils tués dans la répression. Des dizaines de milliers de personnes ont, par ailleurs, été arrêtées dans le cadre de la répression, selon la même source. Huit militants syriens, dont la blogueuse, Razan Ghazzawi, l'un des symboles de la contestation, ont été libérés jusqu'à leur procès à la fin du mois pour «possession de publications interdites», a annoncé hier l'avocat défenseur des droits de l'Homme, Anouar Bounni. Ils font partie de la quinzaine de militants, dont le journaliste Mazen Darwich, arrêtés le 16 février à Damas, dans les locaux du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression, dirigé par M. Darwich. Les huit militants seront jugés le 29 mai, a précisé Me Bounni, également directeur du Centre syrien pour les recherches et études judiciaires. L'avocat a déclaré qu'il était en revanche sans nouvelles des militants arrêtés le même jour, dont M. Darwich, et s'est dit inquiet de leur état de santé. G. H./Agences