L'Iran voit d'un mauvais œil un projet d'union entre l'Arabie saoudite et Bahreïn et appelle les Iraniens à se mobiliser contre cette tentative d' «annexion» par Ryadh d'un territoire peuplé en majorité de chiites. La population est invitée à manifester, dans tout le pays, «contre le plan américain d'annexion de Bahreïn par l'Arabie saoudite et pour exprimer leur colère contre les régimes laquais d'Al-Khalifa et d'Al-Saoud», en référence aux familles régnantes dans ces deux pays. Une possible union entre l'Arabie saoudite et Bahreïn est dans l'air du temps, ces derniers jours. Les dirigeants des six monarchies arabes du Golfe ont décidé d'étudier un projet d'union, qui pourrait regrouper, dans un premier temps, l'Arabie saoudite et le petit royaume de Bahreïn. Ce dernier, secoué par des manifestations de la population majoritairement chiite contre le pouvoir en place, est sous observation stricte du grand voisin saoudien. Ryadh veut mettre sous sa «protection» un petit Etat, dont l'évolution politique pourrait constituer un mauvais précédent pour la région. Le gouvernement et le Parlement iraniens ont vigoureusement dénoncé ce projet, estimant qu'il violait les droits de la population bahreïnie et ne pouvait qu'aggraver la crise. Ryadh et Manama ont riposté, sommant Téhéran de ne pas s'immiscer dans leurs affaires. Le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal a parlé d'«une menace de l'Iran inacceptable et inadmissible». Le ministère bahreïni des Affaires étrangères a qualifié, de son côté, les critiques iraniennes d'«atteinte à l'indépendance et à la souveraineté» du royaume. L'Iran soutient l'opposition à Bahreïn -hostile elle-même au projet d'union- et a violemment dénoncé l'intervention militaire saoudienne à Bahreïn ,en mars 2011,pour aider le pouvoir à réprimer les manifestations. «Ce complot dangereux est le résultat du triangle funeste américano-britanno-sioniste pour empêcher les révoltes populaires de s'étendre dans les pays de la région et de contrôler la crise à Bahreïn, que le régime d'Al-Khalifa est incapable de régler», a dénoncé le Conseil iranien. La question de Bahreïn reste sensible en Iran. L'île, colonisée par la Grande-Bretagne au 19e siècle, avant d'accéder à l'indépendance en 1971, est peuplée en majorité de chiites. Les déclarations incendiaires et les manifestations prévues vendredi risquent d'aggraver encore les tensions entre l'Iran et ses voisins arabes du Golfe. Les relations entre Ryadh et Téhéran, exacerbées depuis l'intervention saoudienne à Bahreïn, se sont encore détériorées, après la découverte d'un supposé «complot» contre l'ambassadeur saoudien à Washington,ou l'Iran est soupçonné. De son côté, Téhéran est exaspéré par le soutien actif de Ryadh et de Doha à l'opposition syrienne, dans la crise qui déchire ce pays. Les tensions entre l'Iran et les Emirats arabes unis se sont aussi ranimées en avril, avec une visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad dans l'île d'Abou Moussa. Cette ile du Golfe, contrôlée par l'Iran depuis 1971, est toujours revendiquée par les Emirats. M. B./Agences