Photo : Riad Par Amar Rafa A la veille de l'installation de la nouvelle APN, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Dahou Ould Kablia, a appelé les 14 partis qui ne reconnaissent par la légitimité du nouveau Parlement à démissionner, en qualifiant leur décision de création d'un parlement populaire «d'atteinte grave à l'Etat de droit, à la pratique de la démocratie et au respect de la volonté populaire». Dans un entretien à l'APS, Ould Kablia s'est dit conforté dans son jugement sur la crédibilité de ces élections par le fait que le peuple n'avait pas protesté «pour clamer qu'on lui avait volé ou dénaturé son choix» après l'annonce des résultats du scrutin législatif du 10 mai. Le ministre a estimé, au sujet du rejet exprimé par des partis politiques des résultats des élections législatives, qu'«il était prévisible que les partis qui criaient victoire avant le scrutin, de manière irréaliste, ont été désappointés par le vote des électeurs qui les ont jaugés à leur véritable poids. Il est donc normal qu'ils crient à la fraude et au scandale». S'agissant du grief avancé par ces partis, M. Ould Kablia a expliqué que «le pourcentage éliminatoire de 5% a été une décision des parlementaires de l'Alliance», précisant, à ce sujet, que «le gouvernement avait proposé un pourcentage de 3% dans le projet soumis à l'Assemblée». «Il ne fait pas de doute qu'avec ce dernier taux de 3%, les partis moyens, les nouveaux partis et les listes indépendantes auraient obtenu globalement une cinquantaine de sièges supplémentaires, ce qui aurait été plus juste, mais la loi est la loi», a-t-il encore dit. Répondant à une question relative aux conséquences du boycott de l'APN, décidé par une vingtaine de partis politiques, le ministre a soutenu que ces partis devraient être logiques avec eux-mêmes. «Quand on ne reconnaît pas un Parlement on démissionne», a-t-il déclaré à ce propos. M. Ould Kablia a estimé, dans ce sens, que la décision du boycott «a été prise hâtivement sous l'effet de la colère», affirmant que «le retour progressif vers l'apaisement les ramènera à la raison et à la normalisation». Il a, toutefois, reconnu que la loi ne prévoit rien dans ce cas, soutenant, dans ce cadre, que «le règlement intérieur de l'APN peut le faire pour prévenir toute forme de dysfonctionnement». Le ministre a estimé que l'appel de ces partis pour la création d'un parlement populaire «est plus qu'une utopie», la qualifiant «d'atteinte grave à l'Etat de droit, à la pratique de la démocratie et au respect de la volonté populaire».En réponse à une question relative à une révision à la baisse du régime indemnitaire des députés, évoqué en février dernier, en marge de la cérémonie d'installation de la Commission de supervision des élections, il a souligné que «le problème de la confirmation ou de la révision des émoluments et des indemnités des parlementaires relève des attributions de l'Assemblée». Il a cependant reconnu que «beaucoup» de partis et une «grande partie» de l'opinion publique souhaitaient une révision à la baisse des indemnités des députés. M. Ould Kablia a soutenu, dans le même ordre d'idées, que les dernières initiatives visant le boycott de l'APN «renforcent l'idée que cette question doit être examinée en priorité, notamment, en liant ces indemnités à la présence et à la participation effective aux travaux du Parlement». Rappelons qu'une vingtaine de partis politiques ont convenu, lundi dernier, à l'issue d'une réunion de leurs dirigeants, de boycotter la nouvelle APN et de créer un «Front politique pour la sauvegarde de la démocratie». Ces formations politiques, qui ont remporté en tout 28 des 462 sièges que compte la nouvelle APN, avaient qualifié cette dernière d'«illégitime» et ont décidé, par la même, de ne pas reconnaître le gouvernement issu de cette assemblée.