Pour une entrée en matière, même si ce fut un peu laborieux, la sonnette d'alarme doit être tirée. Certes, il s'agit du premier match officiel de la saison et, ne serait-ce que pour le travail réalisé, il y a lieu d'attendre un peu pour porter des jugements. Toutefois, un tel raisonnement nous paraît insuffisant car c'est un match couperet (aller-retour, cela s'entend), sans aucune possibilité de rachat, que le représentant algérien, double champion de l'épreuve de surcroît, a présenté, face à la formation libanaise d'El Ansar SC, qui fait ses premières piges en Ligue arabe des champions, une équipe bis dans plusieurs de ses postes et, enfin, tout le monde, y compris l'Aigle noir, était logé à la même enseigne en termes de préparation. Pour toutes ces raisons, le jeu présenté par l'Aigle des Hauts Plateaux, en seconde période notamment, n'était pas à la mesure de son statut. Bien sûr qu'il y a une seconde manche et bien sûr que les possibilités de se rattraper sont présentes, et à Beyrouth de surcroît, mais, pour cela, il faut présenter d'autres arguments, surtout qu'en face El Ansar pourrait récupérer quelques-uns de ses blessés et peut-être de ses exclus. Pour en revenir à la rencontre, disons qu'elle se déroula le plus souvent à l'entrejeu avec une équipe à la manœuvre courte, un peu plus fantaisiste, et une autre, l'ESS, au jeu plus direct, basé plus sur l'engagement. Dans un tel débat, les Noir et Blanc eurent les meilleures occasions de la rencontre et du match quand ceux-ci violèrent à plusieurs reprises la cage de Larry Mhenna à la 40e, 45e et 65e minutes. C'était l'occasion qui ponctuait la meilleure période des Algériens, lesquels décidèrent dès lors de passer à un autre football qu'on ne leur avait jamais connu. Le sérieux et l'abnégation cédèrent la place au jeu individuel, au désintérêt, et à un manque flagrant d'humilité. Les protégés de Aït Djoudi, dominateurs et supérieurs techniquement à leurs adversaires, tombèrent tout à coup dans la facilité et se surprennent à regarder de haut l'équipe d'El Ansar. Ce manque d'humilité, ils le paieront cash. C'est d'abord Diss qui détourna dans sa propre cage un centre du Croate Micac (79e), avant que Raho ne vienne inexplicablement, le long de la ligne de touche, vers son but pour donner un ballon brûlant à Hadjaoui.
L'Aigle noir pris, dans son aire Contraint de dégager hors de sa zone le ballon, le portier rate son tir et offre involontairement certes une balle de second but libanais au Camerounais Joël Tchami (88e). Cette seconde réalisation plonge, du coup, le stade du 8 Mai 1945 dans un silence de cathédrale. Furieux, les fans sétifiens n'en revenaient pas, ils n'en croyaient pas leurs yeux. Une inquiétude toute légitime, car les gars d'El Ansar, qui ne s'attendaient sûrement pas à une telle aubaine face au double tenant du titre, avancèrent d'un cran pour piéger les Algériens sur leur propre moitié de terrain. Durant cette période d'une dizaine de minutes, nous crûmes d'ailleurs voir une nouvelle équipe algérienne déboussolée, dégarnie, désorganisée qui ne ressortait plus le ballon et éprouvait de grandes difficultés à l'entrejeu face à la vivacité des Libanais. C'était beaucoup pour inquiéter les protégés des Aigles des Hauts Plateaux qui n'ont pu reprendre du grade sur leur terre et qui rêvent de refaire le coup de la finale de la Ligue des champions jouée à Blida. Avec un physique encore peu affûté, un jeu pas comme celui de la saison écoulée, des attaquants en panne sèche de créativité et d'imagination, les coéquipiers de Hadjaoui ont failli se faire surprendre par une équipe au palmarès régional vierge. Au retour, les protégés de Thomas Roy iront tout au fond de leurs ressources pour réussir à battre l'Entente, ce qui constituerait, assurément, l'exploit absolu du 1er tour. Les Sétifiens, eux, qui espèrent pouvoir récupérer Lemouchia, Hadj Aïssa et Belkaïd, devront montrer autre chose et se montrer un peu plus respectueux de l'adversaire pour éviter une bien peu glorieuse élimination au premier tour. Sur un match, tout est possible et l'ESS espère une longue carrière en Ligue des champions. Alors, le mode d'emploi, le chemin, les moyens et l'obligation de résultat sont tout indiqués. M. G.