Une commission composée de cadres des ministères de l'Energie et des Finances ainsi que ceux de la Banque centrale a été installée. C'est le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui en a fait l'annonce hier au cours des travaux en plénière du Sénat. Karim Djoudi a expliqué que cette commission va observer ce qui se passe sur les marchés internationaux, faire des analyses et confectionner des rapports hebdomadaires sur la situation des marchés. Il a souligné, en marge de la plénière, que la crise financière actuelle à l'échelle mondiale pourrait avoir des effets positifs sur notre économie. Détails : la bonne tenue de la monnaie américaine face à l'euro, l'Algérie en tire profit, parce que ses exportations sont libellées en dollars, ses importations en euros. La baisse des prix des céréales et d'autres produits sur les marchés est une bonne chose également pour le pays. Le ministre des Finances a rappelé à ce sujet deux faits : l'Algérie a payé ses dettes et elle ne reçoit pas énormément d'investissements étrangers. Est-ce pour autant qu'elle ne puisse être concernée par la crise ? Au chapitre des conséquences négatives que cette crise pourrait produire, Karim Djoudi a relevé que la baisse de la demande en pétrole au plan mondial est de nature à entraîner une chute des cours et, du coup, une diminution de nos recettes pétrolières. Dans ce cas, le pays sera obligé de puiser dans le Fonds de régulation (4 000 milliards de dinars). Il peut le faire «pendant quatre ans» au moins, dira-t-il. Au cours de la plénière, le ministre des Finances a répondu aux questions des sénateurs, une intervention d'une heure. Il est revenu sur la taxe sur les véhicules, une imposition instituée dans la loi de finances complémentaire 2008. Il a, en fait, rappelé ce qu'il avait avancé devant les députés, il y a quelques jours : «Cette taxe, dont le produit sera logé dans un fonds, a pour objectif de financer le ticket de transport» qu'il juge «cher». Il a rappelé aussi le contexte dans lequel a été décidée cette taxe : une diminution des ventes de voitures à l'échelle mondiale et une dépréciation de la monnaie européenne face au dollar, ce qui fait que les prix des voitures sur le marché national baissent. Le ministre des Finances a par ailleurs parlé de la dette des communes (54 milliards de dinars) que l'Etat a décidé d'effacer pour permettre aux collectivités locales de se développer. Il a parlé également des budgets consacrés au développement des régions des Haut Plateaux ainsi qu'aux régions du Sud, aux zones rurales. Karim Djoudi a enfin rappelé dans son intervention que le projet de loi de finances pour 2009, voté par les députés sans débats tumultueux, a été établi sur la base d'un baril de pétrole à 37 dollars, une croissance de 4,1% (6,6% hors hydrocarbures), une inflation de 3,5%, une quasi-stabilisation des exportations d'hydrocarbures, un accroissement de 10% en dollar courant des importations de marchandises. Les recettes pétrolières devraient atteindre quatre-vingts milliards de dollars en 2008 et les importations globales trente-quatre milliards de dollars. La loi de finances pour 2009 prévoit des recettes de 2 786 milliards de dinars (27,86 milliards d'euros), dont 1 628 milliards de dinars de fiscalité pétrolière et 1 158 milliards dinars de fiscalité ordinaire, cette dernière étant en augmentation de 10% par rapport à l'année 2008. Les dépenses budgétaires grimperont à 5 191 milliards de dinars (51,91 milliards d'euros), en augmentation de 7% par rapport à 2008. Le texte de loi prévoit aussi un solde budgétaire en déficit de plus de 2 400 milliards de dinars (20,5% du produit intérieur brut (PIB) et un solde global du Trésor en déficit de plus de 1 600 milliards DA (près de 14% du produit intérieur brut). Y. S.