Photo : S. Zoheir Par Youcef Salami Par bien des aspects, il y a divergences entre experts algériens et sud-coréens, sur une étude se rapportant à la stratégie économique de l'Algérie de 2020-2030, et dont le contenu a été exposé hier, à Alger, lors d'une réunion ayant regroupé, outre les experts algériens et sud-coréens impliqués dans cette étude, des chefs d'entreprise, des universitaires, et des représentants de l'Initiative Nabni.Sommairement, l'étude élaborée par les Sud-coréens met en exergue le fait que les leviers actuels qui sous-tendent l'économie nationale ne peuvent conduire à une croissance aussi importante que celle mise en relief dans l'étude établie par la partie algérienne. Cette différentiation dans l'appréciation des données a donné lieu à un large débat. D'évidence, les experts algériens ont défendu l'étude qu'ils ont faite, estimant, par exemple, que dans le registre énergie, il est difficile d'avoir des outils permettant de cerner l'évolution de ce secteur. Pour Boukilia, conseiller au ministère de la Prospective et des Statistiques, beaucoup d'investissements ont été injectés dans les hydrocarbures, mais la production ne suit pas, il n'y a pas corrélation et cela pose problème quand il faut mettre en ordre des données d'études. Un point de vue qui ne s'éloigne pas de celui développé par un représentant du ministère des Finances, pour qui la volatilité des cours du pétrole, un facteur exogène, pourrait fausser les données. Il ajoute également que beaucoup de statistiques contenues dans l'étude algérienne rejoignent celles établies par la Banque mondiale. Une économie faite d'hydrocarbures «influe forcément sur les projections à faire», note, pour sa part, Abdelhamid Temmar, ministre en charge de la prospective et des statistiques. Charfaoui, représentant de l'Initiative Nabni, estime, lui, que dans l'étude sud-coréenne, il y a peu de place pour le secteur de l'éducation. Or, ajoute l'intervenant, il ne peut y avoir de développement économique sans une transformation en profondeur de ce secteur. Boukilia apporte des explications aux interrogations formulées par Nabni : «Plus que l'éducation, il faut aller à l'enseignement, à la formation, pour parvenir à un système d'innovation performant.» Berrah, directeur général de l'Office national des statistiques (ONS), relève, quant à lui, qu'à ce niveau de la coopération entre l'Algérie et la Corée du Sud, il faut qu'il y ait des chiffres croisés sur les aspects objets de l'étude dont il est question. Il y a cependant similitude entre les deux études sur un ensemble d'hypothèses : Sud-coréens et Algériens font la même appréciation ou presque sur l'évolution du secteur des hydrocarbures, sur la part de la fiscalité pétrolière dans la fiscalité globale, sur le développement des hydrocarbures, sur le revenu par tête (4 700 dollars en 2030), sur le nombre d'habitants, sur le chômage. Sur ce dernier point, la partie sud-coréenne note que le taux de chômage va se stabiliser autour de 9,5 pour cent en 2030. Algériens et Sud-coréens s'attèleront à aplanir ces divergences, à la faveur de débats organisés hier et aujourd'hui. L'idée est d'arriver à dégager une stratégie de développement prospective, c'est l'objet de l'étude qui fait débat. Les experts algériens attendent des Sud-coréens qu'ils les aident à rendre transposable à l'Algérie ce qui peut l'être, souligne Abdelhamid Temmar, dans une allocution introductive à la réunion d'hier. Le ministre s'est attardé sur le fait qu'il n'est pas question en Algérie de revenir à l'Etat dans la gestion des affaires économiques. Pour Temmar, le marché c'est ce qu'il y a de mieux en matière d'opportunités pour imprimer de la croissance et faire de la planification, à condition que le marché soit tenu de manière pondérée. La planification dont il s'agit, il faut l'inventer dans chacun des pays, dit-il.