On les croyait entrés de plain-pied dans la désillusion, même dans le renoncement, sachant qu'il n'est pas aisé pénétrer dans le terrain glissant du politique, surtout quand on prétend ne pas en faire. Ils se sont rassemblés hier, à l'office Riadh El Feth, pour démontrer qu'ils sont loin d'avoir dit leur dernier mot. Les membres du réseau citoyen Nabni – qui avaient travaillé l'an dernier sur le projet Nabni 2012 pour une Algérie nouvelle – reviennent pour le second volet de leur initiative : Nabni 2020, notre Algérie bâtie sur de nouvelles idées. «C'est justement tout l'intérêt de Nabni : créer un espace de débat», précise Abdelkrim Boudraâ, directeur d'un institut de formation et d'une société de conseil, porte-parole et membre du comité de pilotage de l'initiative. Depuis son lancement le 13 avril 2011, le réseau Nabni a travaillé sur un programme de 100 mesures documentées, mises à disposition du gouvernement, des partis politiques et différentes institutions de l'Etat. C'était la première phase de cette initiative. La deuxième phase, Nabni 2020, consiste en un plan prospectif à l'horizon 2020, visant des réformes beaucoup plus stratégiques à réaliser en 8 années. La réponse timide des officiels Le tout, pour améliorer le quotidien de l'Algérien. Depuis la clôture du programme des «100 mesures réalisables en un an» déposé sur les bureaux de nombreux officiels, seuls trois acteurs «politiques» ont répondu à leur appel : Mohamed Seghir Babès, président du Conseil national et social (CNES), Abdelaziz Ziari, président de l'APN, et Abdelhamid Temmar, ministre de la Prospective et des Statistiques. Mais les membres de Nabni refusent de jeter l'éponge. Du débat à l'action ? Il faut continuer à débattre, quelles que soient les entraves. C'est aussi l'avis de Ouiza Abdat, architecte urbaniste, membre du comité de rédaction du thème «Vivre ensemble» de Nabni 2020 : «Nous devons formuler nos idées, travailler ensemble pour amener les autorités à ouvrir les portes de la réflexion.» L'absence de visibilité dont souffre l'Algérie la révolte. «Il faut qu'on remplisse notre rôle de citoyen, qu'on se réapproprie la chose publique et qu'on se donne des chances d'accéder au débat public dont on nous prive. Nabni est une excellente formule pour cela», souligne-t-elle enthousiaste. Sa contribution, en tant qu'architecte urbaniste, vise à pointer du doigt la question de la ville, qu'elle considère comme cruciale dans la gestion sociale. «La gestion des questions d'urbanisme de l'Algérie est phagocytée par la crise du logement», assène-t-elle. Et d'ajouter : «Nous pouvons donner plus de visibilité à cette question.» Pour y travailler, le réseau compte intensifier ses travaux et ouvrir ses portes au plus grand nombre d'experts et de spécialistes.