Attendue depuis plusieurs mois, la révision du texte fondamental du pays interviendra finalement dans les tout prochains jours. Hier, le chef de l'Etat s'est décidé à lever le suspense qui entoure cette question, en annonçant son intention de procéder à un amendement «partiel et limité» de la Constitution. Cette révision, a-t-il précisé dans son discours d'ouverture de l'année judiciaire, se fera par voie parlementaire après aval du Conseil constitutionnel, conformément aux dispositions de l'article 176 de la présente Constitution. Elle concernera, a-t-il ajouté, trois axes principaux, d'abord la préservation des acquis et symboles de la révolution ; le respect des choix du peuple quant à ses gouvernants et, enfin, la promotion des droits politiques de la femme à travers une meilleure représentativité au niveau des assemblées élues. Il s'agira, pour ce point, d'introduire une nouvelle disposition qui renforcerait ces droits. Tout en notant que cette révision ne sera pas profonde, comme il le souhaitait, il rappellera que ce vœu remonte au début de son mandat à la magistrature suprême mais qu'il n'a pu le mettre en œuvre jusque-là en raison du «poids des engagements» et «des priorités nationales» qui lui incombaient, à savoir la lutte contre le terrorisme et la mise en œuvre des programmes de développement. Estimant que «les Constitutions sont le produit de l'effort humain», le chef de l'Etat a déclaré que celles-ci sont, par conséquent, à même d'être «améliorées et perfectionnées» car c'est «l'expression de la volonté des peuples à un moment précis de leur histoire». Tout en rappelant qu'il souhaitait recourir directement à la consultation populaire à ce sujet, l'intervenant martèlera que si l'option du référendum est écartée pour l'heure, cela ne signifie pas pour autant qu'elle ne sera plus de mise. «[…] A la lumière de l'expérience vécue ces dernières années et après avoir constaté de temps à autre des interférences entre les différents pouvoirs dans la pratique de leurs missions, la nécessité d'introduire certains correctifs urgents à quelques dispositions de la Constitution est apparue nécessaire pour garantir une plus grande maîtrise dans la gestion des affaires de l'Etat», expliquera-t-il. Abordant le constat lié au secteur de la justice, il se montrera particulièrement austère envers «ceux qui rechignent à appliquer les décisions de justice contre qui que ce soit et quel qu'en soit» et promet des poursuites judiciaires à l'encontre de «toutes les autorités administratives» qui se rendent coupables de ces manquements. «La loi est au-dessus de tous. Celui qui ne veut pas se soumettre n'a qu'à nous faciliter la tâche en démissionnant !» a-t-il tenu à rappeler avant de convier les responsables du secteur de ne pas omettre de considérer la question des droits de l'Homme à l'égard des détenus. Il insistera aussi sur la nécessité de faire des établissements pénitentiaires des lieux de formation et de préparation de ces derniers à la réinsertion sociale. «C'est pour ces personnes que le besoin en matière de droits de l'Homme se fait de plus en plus ressentir», a-t-il soutenu, en citant également la catégorie des sinistrés et des personnes en détresse. «Il faut que notre pays soit un exemple en matière de respect des droits de l'Homme dans les établissements pénitentiaires», enchaînera-t-il. Saisissant cette tribune devant les membres du gouvernement, les hauts cadres de l'Etat et des représentants de la famille de la justice, Bouteflika réitérera son attachement à l'option de la réconciliation nationale. Estimant que la Charte pour la paix et la réconciliation est «un texte solide» auquel il reste attaché «quel qu'en soit le prix à payer», il dira : «Des échos me parviennent, de temps à autre, sur certaines personnes qui souffrent, parce que nous étions cléments envers ceux qui se sont égarés du droit chemin […] Nous devons être cléments envers ces gens-là. N'avons-nous pas été cléments envers ceux qui assassinaient quotidiennement par le verbe et la plume», s'est-t-il interrogé.