La désignation d'un Premier ministre technocrate et non partisan autorise une série de lectures. Bien qu'aucune disposition constitutionnelle n'oblige le président de la République de désigner son Premier ministre parmi la majorité parlementaire, il n'en demeure pas que c'est une tradition implicite qui répond en théorie à des impératifs démocratiques et pratiques pour d'une part, consacrer le choix populaire et d'autre part, permettre à la majorité de mettre en œuvre son programme. Manifestement, le déficit de légitimité de l'actuelle APN et partant, de la majorité du FLN, laisse les coudées franches au président de la République pour gérer les affaires publiques comme il l'entend et loin des pressions des partis et des lobbies. Cependant, ce choix n'est pas sans risques politiques, notamment si le prochain gouvernement s'avère technocrate à 100%. Si tel est le cas, le gouvernement n'aurait pas de majorité acquise au Parlement ce qui pourrait nourrir des animosités et des oppositions de nature à compliquer le travail de l'exécutif. Ceci est d'autant plus plausible que l'Assemblée sortante ne s'est pas gênée à vider les projets de réforme politiques de leurs sens et d'aller à contre courant de la volonté du président. L'éclatement de l'Alliance présidentielle s'explique par les ambitions partisanes et des leaders politiques face à l'échéance des présidentielles de 2014. Cependant, ces ambitions se sont manifestées sans compter avec l'avis des électeurs qui ont brisé l'élan des prétendants lors des législatives de mai dernier. Le taux de participation des électeurs, renseigne sur le fossé qui sépare la classe politique et la société. L'enjeu de l'actuelle entrée politique est incontestablement la révision de la Constitution. Cette échéance devant approfondir le processus des réformes va permettre une nette décantation au sein de l'APN et le positionnement de chaque courant politique en fonction de ses projections surtout idéologique dans un contexte régional dominé par une rude bataille doctrinale autour des projets de société antagoniques. A ce titre, le président de la République pourrait se passer de l'avis du Parlement et saisir directement le peuple par voie référendaire. Cette perspective n'est pas à écarter pour les même raisons morales qui on présidé au choix d'un Premier ministre en dehors de la majorité parlementaire. L'échéance de la révision constitutionnelle, imprime de fait, le caractère transitionnel au gouvernement Sellal. A ce titre, Sellal est face à un défi sérieux. Au-delà des élections locales et de la révision de la Constitution, il est appelé à garantir l'ouverture du champ audiovisuel très attendu par l'opinion publique et de remettre de l'ordre dans une économie anarchique et de mettre en place un marché régulé qui rassure les 36 millions de consommateurs et structurer la vie sociale. L'autre défi du gouvernement Sellal et non des moindres, c'est de réformer l'administration publique et en faire un instrument qui dynamise la vie sociale et politique et non une force d'inertie et de blocage comme elle l'est actuellement. A. G.