Photo : Riad Par Younès Djama La paralysie du trafic ferroviaire de voyageurs et de marchandises, est à son 5e jour, au grand dam des usagers qui ne se remettent pas de ces grèves intempestives qui leur font perdre et leur temps et leur énergie. L'annonce par la direction de la SNTF de mesures disciplinaires à l'encontre des grévistes n'a pas outre mesure ébranlé les intéressés dans leur intransigeance à poursuivre un débrayage qui n'a pas pourtant pas respecté les voies réglementaires. Les usagers s'interrogent sur les motivations de cette énième grève (des arrêts de travail intempestifs et illimités dont ils ont souvent souffert), alors que la direction de la Sntf a pratiquement répondu favorablement à l'ensemble des doléances des travailleurs. En sus de la prime de technicité, de l'ordre de 6% du salaire de base, la direction de la Sntf a consenti une revalorisation de l'indemnité pour les chefs de traction, portée désormais 15%. Officiellement, le motif de la grève déclenchée par les conducteurs de trains est le licenciement d'un des leurs, qui d'ailleurs n'a pas eu lieu, comme l'a certifié le directeur des ressources humaines (DRH) de l'entreprise, Noureddine Dakhli. Ce dernier a expliqué devant les journalistes, que le conducteur en question est mis en cause dans un accident de train survenu le 12 août 2011 à l'entrée de la gare de Corso (wilaya de Boumerdès). «Le choc a occasionné la mort d'un chef de train, fait 45 blessés en plus de dégâts matériels importants», rappelle le conférencier. «La commission d'enquête à remis son rapport révélant la responsabilité pleine et entière du conducteur», révèle le DRH. «Il savait qu'il devait réduire sa vitesse à moins de 30 km/h sur ce tronçon. Les instruments de contrôle ont indiqué qu'il roulait à une vitesse de 103 km/h», poursuit-il. Il reste que le mis en cause n'est pas encore passé en commission de discipline et qu'aucune mesure de licenciement n'a été prononcée à son encontre. En réalité, ce n'est là qu'une raison de plus pour les conducteurs de train de mettre de la pression sur la direction de la Sntf pour qu'elle fasse davantage de concessions. A ce propos, le DRH s'étonne de n'avoir reçu aucune plateforme de la part des grévistes. «Le mercredi 19 septembre on a assisté à l'assemblée générale du syndicat des mécaniciens. Ils ont bien relevé quelques points concernant la sécurité et les conditions de travail, mais à aucun moment ils n'ont annoncé de grève ou soulevé le cas de leur collègue», s'exclame-t-il. «Nous ne sommes pas parfaits, mais nous avons considérablement amélioré la situation socioprofessionnelle des cheminots ces dernières années», a encore déclaré le représentant de la Sntf en citant, entre autres, les nouveaux équipements des cabines. En termes de rémunération, il révèle que le salaire net moyen des cheminots est passé de 24 000 DA en 2008 à 46 000 DA en 2012. Celui des conducteurs est passé de 29 400 à 60 000. «Avec la prime de rendement kilométrique, un conducteur peut atteindre les 90 000 DA par mois», précise le DRH. Il ajoutera que la gratification de fin de carrière est passée de 400 000 à 950 000 DA. «Quant à la signalisation et aux problèmes de sécurité, la Sntf est la première victime des actes de vandalisme et vols de câbles. On est conscient de ce danger, mais ce n'est pas de notre ressort», déplore-t-il. Selon N. Dakhli, la direction de la Sntf et la Fédération des cheminots ont appelé les grévistes à dialoguer, sans succès. «Nous sommes obligés de prendre des décisions disciplinaires. Des huissiers ont constaté l'illégalité de mouvement et nous avons entamé la procédure de mise en demeure des grévistes», annonce-t-il en insistant sur l'impératif de rétablir une circulation normale des trains. Pour ce faire, en plus des mécaniciens non grévistes, la Sntf a mobilisé ses cadres, des chefs de traction, pour assurer un service d'urgence. «Nous assurons le transport sur les grandes lignes. Un train le matin, pour Constantine et Oran, et un autre le soir. Pour les banlieues trois trains seront assurés (matin et soir) sur l'Est et deux sur l'Ouest.»