Le transport maritime de marchandises est toujours à la traîne en Algérie. Selon les chiffres fournis lors d'une journée d'étude organisée hier par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), le pavillon national n'assure actuellement que 3% du volume du commerce extérieur, ce qui fait que 97 % du volume de marchandises importées ou exportées sont assurées par des transporteurs étrangers. Abdelhamid Berchiche, spécialiste en droit maritime et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, a estimé lors de cette journée qu'«il y a une possibilité de se libérer de cette dépendance et de ce diktat imposé par les armateurs étrangers. Il suffit d'adopter des facilités et des mesures de soutien au profit des hommes d'affaires algériens». Il a insisté sur la nécessité de «revoir complètement» le code maritime algérien afin de «libérer les initiatives et donner une chance au transport de marchandises d'atteindre le niveau de croissance escompté». «L'ensemble des lois adoptées en 2008 et 2009 met l'accent sur la libéralisation de l'activité maritime, mais la condition préalable de possession de navires doit être supprimée. Les mesures relatives au développement de l'investissement doivent aussi intégrer le transport maritime», affirme-t-il.Pour le président du FCE, Réda Hamiani, la Cnan est en train de reculer et «il est plus que jamais temps d'encourager les privés à lancer des projets et réduire ainsi les surcoûts imposés par les armateurs étrangers en raison de l'absence de concurrents nationaux». Le patron du FCE a même proposé le réaménagement des 14 ports du pays, pour pouvoir accueillir de plus gros navires et leur liaison directe avec les grands axes routiers. «Ce sont des facteurs à prendre en compte pour le développement de l'activité maritime», a-t-il préconisé. Pour sa part, Abdelhamid Bouarroudj, expert et ancien cadre dirigeant de la Cnan, a estimé qu'il faut revoir la réglementation régissant ce secteur. «Les hommes d'affaires algériens ont une grande volonté d'œuvrer au développement de cette activité, mais les lois qui la régissent sont contraignantes, empêchant toute initiative dans ce sens», a-t-il dit. Plus explicite, il a indiqué que les textes réglementaires relatifs au transport maritime de marchandises exigent de toute personne désirant investir dans cette activité la possession d'au moins un navire, une condition jugée «dissuasive» par les concernés. «Les bateaux coûtent trop cher pour les opérateurs privés. Il faut adopter des lois permettant à ces derniers de créer des groupements d'activité, avec d'autres motivations sur le plan fiscal pour donner un nouveau souffle à ce créneau», a suggéré le conférencier. Ce dernier a proposé aussi la concession des navires du secteur public pour les privés qui peut constituer une solution pour le développement de l'activité. L'entreprise publique de transport maritime de marchandises, la Cnan, dispose uniquement de sept navires, alors qu'elle en avait plus de 70 dans les années 1980, selon les experts présents à la rencontre. R. E.