Locomotive indéniable de la croissance commerciale, le transport maritime s'impose en tant qu'outil privilégié du développement du commerce international. C'est là une réalité soulignée en première ligne par l'expert Abdelhamid Bouarroudj, qui été hier l'invité du Forum des chefs d'entreprises (FCE), à l'occasion de la tenue d'un atelier de réflexion placé sous le thème «Le transport maritime : un potentiel de croissance à promouvoir». Pour mieux illustrer l'importance de ce créneau, l'hôte du patronat argue ses propos en affirmant que 90% du commerce mondial est réalisé par voie maritime, via laquelle une quantité de 8,8 milliards de tonnes a été transportée l'année dernière. Dans ce domaine qui de par le monde constitue un des facteurs déterminants pour l'économie, l'Algérie cumule, selon le même expert, un manque à gagner flagrant en la matière. Abdelhamid Bouarroudj a en effet soutenu que notre pays qui, durant les années 80, «disposait d'une flotte enviable, l'une des plus importantes du tiers-monde et classée parmi les cinquantaines premières au monde», subit aujourd'hui «une nette régression de son offre nationale, qui est réduite à sa plus simple expression». En termes de consistance, la flotte nationale réunit actuellement 16 unités dont 14 appartiennent à la société Cnan, tandis que les deux dernières sont la propriété de Nolis, une filiale de Cevital. «L'âge moyen de la flotte de la Cnan est supérieur à 30 ans, correspondant à la démolition», renchérit le même intervenant précisant que parmi cette même flotte, «uniquement cinq navires sont opérationnels avec diverses fortunes, assurant des liaisons entre l'Europe et l'Algérie et couvrant une part tout à fait insignifiante du trafic de marchandises générales». Ainsi et compte tenu de la vétusté de la flotte nationale majoritairement inactive, l'expert Bouarroudj tire la sonnette d'alarme et tente d'alerter l'opinion en affirmant «qu'objectivement, l'Algérie ne dispose plus d'un armement pour le transport maritime de marchandises». Pis, face à l'effritement de la flotte restante, l'invité du FCE s'interroge sur le devenir des personnels, «notamment certains des navigants formés au prix fort et constituant la ressource à la fois la précieuse et la pus difficile à reconstituer». A ce propos, l'orateur informe qu'en 1996, le personnel employé dans le secteur algérien du transport maritime de marchandises était de 3897, alors qu'au 31 août de cette année, l'on ne compte plus que 739 individus (sic). Abdelhamid Bouarroudj se pose aussi des questions en matière de sécurité des approvisionnements et des exportations. Selon lui, ce créneau est aujourd'hui contrôle dans sa majorité par des armateurs étrangers : «le gros des tonnages étant assuré en conteneurs par les grands transporteurs mondiaux, tels Maersek, CMA CGM, Arkas qui sont tous établis en Algérie sous le statut d'agents consignataires et disposent de ports secs contrôlant toute la chaîne au plan du transport maritime». Les armements nationaux de marchandises générales ne représentent en effet «qu'un taux de 1,4% par rapport au tonnage global des marchandises solides et 1,75% par rapport au trafic des conteneurs», a tenu à ajouter le même expert. Ce dernier n'omet pas de souligner que les opérateurs étrangers subissent aussi «le diktat des armateurs étrangers qui refusent de charger les frets payables en Algérie».