Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia Après la rencontre qu'il a tenue avec le patronat et l'Ugta, le gouvernement Sellal a pris une série de mesures d'allègement des procédures au niveau des banques, de facilitation de l'octroi de crédits bancaires et l'accès des PME aux crédits d'investissement. Sous forme d'instruction, le Premier ministre a avisé les banques publiques, huit ministères, et l'Association des banques et établissements financiers (Abef), des mesures prises. Il a même exigé un suivi rigoureux de ces mesures. «Je vous charge de veiller personnellement à la mise en œuvre diligente de ces mesures, issues du Conseil interministériel du 13 novembre, avec un suivi particulier et des sanctions en cas de défaillance», écrit M. Sellal dans son instruction. Qu'en pensent les opérateurs économiques ? Pour la plus importante organisation patronale, cette instruction cadre avec l'une des 50 propositions formulées par le FCE au gouvernement, en 2011 : «Nous sommes satisfaits de cette instruction surtout qu'elle cadre avec l'une des 50 propositions que nous avons formulées au gouvernement.» «L'instruction portant sur l'allègement de la procédure d'ouverture de comptes bancaires et sur des facilitations de l'accès des PME aux crédits, va dans la bonne direction étant donné que notre économie souffre d'une gestion administrative qui a besoin d'être allégée», explique Réda Hamiani, président de cette organisation. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), attend à cet effet «avec impatience» la mise en place du traitement informatique des données par les banques, comme l'a ordonné le Premier ministre. «Nous attendons avec impatience la concrétisation de la e-gouvernance, dont l'introduction du traitement informatique, qui va simplifier la relation entre la banque et ses clients», selon M. Hamiani. Comme revers de la médaille, le patron des patrons pointe du doigt les longs délais d'octroi de crédits en raison de l'absence d'une réelle «décentralisation» de la décision bancaire. «Il faut que la banque puisse prendre sa décision en moins de 45 jours, alors qu'aujourd'hui on met 9 mois voire un an pour octroyer un crédit». Cette lourdeur administrative n'est que le résultat, soutient M. Hamiani, de la centralisation «excessive» de la prise de décision dont souffrent surtout les investisseurs installés à l'intérieur du pays. «Soit on accorde aux agences bancaires locales l'autonomie de gestion, soit on impose à la banque mère une date limite pour prendre sa décision», propose-il.
L'instruction de Sellal soulage également les banques selon l'ABEF Pour le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), l'instruction du Premier ministre a mis fin à un «enchevêtrement de dispositions réglementaires éparses» faisant intervenir plusieurs institutions et parfois même dans l'incohérence. «L'instruction de M. Sellal ne soulage pas donc les clients seulement mais soulage surtout les banques», selon Abderrezak Trabelsi. A propos, des facilitations accordées aux particuliers, M. Trabelsi a salué la «débureaucratisation» de la relation banque-client en autorisant l'ouverture de comptes bancaires même pour les personnes ne justifiant pas d'un revenu régulier ou permanent. Si, globalement, les experts soutiennent les décisions prises par le Premier ministre, il n'en demeure pas qu'ils émettent quelques brins de suspicion, notamment sur le volet ayant trait à l'octroi de crédits ainsi que l'application à la lettre de ces mesures dans les autres régions du pays. En effet, certains indiquent qu'il s'agit bel et bien d'une avancée, mais le fait qu'il n'ait pas décidé de délocaliser les bureaux d'études et de suivi des crédits au niveau régional, le problème surgira toujours pour les nouveaux demandeurs d'ouverture de compte bancaire. «Si une entreprise ou un particulier demande un crédit dans une autre région qu'Alger, il devra attendre que son dossier descende à la direction qui est à Alger pour être étudié. Or, cela prend beaucoup de temps», remarque un expert et de suggérer que les banques créent au niveau régional des bureaux d'études et de suivi et précisent un seuil (niveau de crédit ndlr) où la demande est étudiée par la banque au niveau local et au-delà duquel elle est transmise à la direction. Interrogé par l'APS, l'économiste et directeur de l'Institut des ressources humaines (IRH), le Dr Mohamed Bahloul, soutient que les facilitations annoncées constituent «un très bon acte» de modernisation du système financier en Algérie mais aussi de réhabilitation de la confiance banque-client. «S'il y a un problème dans nos banques c'est bien le problème de la confiance entre la banque et son client. En réactivant la bancarisation en Algérie à travers ces allègements, on pourra rétablir cette confiance et assurer par la même une meilleure visibilité des capitaux», a expliqué M. Bahloul.