Synthèse de Hasna Yacoub Très tôt dans la matinée du mercredi dernier, un groupe d'une trentaine de terroristes s'attaque à un bus transportant des expatriés de divers nationalités appartenant tant aux entreprises Statoil que BP et JGC. L'attaque fait trois morts, un parmi les forces de sécurité et deux expatriés. La riposte énergique des gendarmes de l'escorte, vite rejoints par leurs collègues de la base, fait battre en retraite les terroristes. Saisissant l'occasion de la sortie en catastrophe des renforts de la base, le groupe terroriste fonce vers les portes du complexe. Arrivés aux portes, ils menacent le garde pour qu'il leur permette l'accès. Le jeune Amine Lahmar refuse catégoriquement et parviens même à donner l'alerte avant d'être exécuté par les terroristes d'une balle dans la tête. Les terroristes se scindent en deux groupes, l'un se dirige vers la salle de supervision du site, l'autre vise en priorité le camp de base des Japonais de JGC, ils sont les premiers à êtres sortis. S'en suivra une visite systématique des chalets et autres cabines sahariennes se trouvant dans la zone résidentielle. Prenant conscience de l'ampleur de l'attaque, les opérateurs de la salle de contrôle décident de couper la pression et mettre à l'abri les installations et éviter les explosions. Un Américain est dans la salle, il sera tout de suite capturé par les terroristes qui donnent l'ordre de remettre en marche les installations. Les employés algériens refusent. A l'extérieur, la base est vite encerclée par les éléments de la gendarmerie. Le plan des assaillants qui voulaient pour une partie, fuir avec des otages tombe à l'eau. Ils se replient alors sur la zone résidentielle et se réorganisent en triant les otages par nationalité. Les Américains, les Français et les Britanniques sont les plus recherchés. Les Philippins et les Thaïlandais, nombreux sur le site, sont enfermés dans leurs baraquements. Les otages algériens sont eux aussi enfermés. A Tiguentourine, il y a 650 travailleurs dont 132 étrangers. (…) Arrivés sur place, les hommes du GIS sont étonnés de trouver un détachement du DSI au complet en pleine préparation. Des ordres auraient été donnés par la haute hiérarchie de la gendarmerie pour faire participer le groupe d'assaut de la gendarmerie nationale, un groupe très bien entraîné mais à qui manquait l'épreuve du feu. L'idée d'un assaut combiné GIS-DSI-Paras émerge à la nuit tombée. Une nuit de préparation et d'étude des cartes du site, qui est scruté et filmé depuis le ciel par des drones algériens et des hélicoptères, n'a pas permis d'évaluer avec précision la puissance de feu des terroristes et leurs points de renfort. Des éclaireurs du GIS s'infiltrent à l'intérieur du site, ils se font voir et attirent le feu de l'ennemi pour pouvoir l'évaluer. Une mission accomplie qui a permis de reprendre le poste de police à l'entrée du site et libérer quelques otages dont des étrangers. A quelques dizaines de kilomètres des lieux, l'ANP se déploie en force, un bataillon de T90, venant probablement de Batna, se déploie entre le site et la frontière libyenne, l'espace aérien est fermé au dessus de la région et l'aviation est en alerte. La nuit permet aux terroristes de se préparer. Une stratégie se dessine dans leur rang : revenir au plan initial, fuir avec les otages les plus «précieux» vers la Libye en jouant à fond la carte médiatique. Des otages européens sont sommés d'appeler leurs proches, voir des médias de leurs pays pour transmettre un message d'apaisement et insister sur la nécessité de négocier. Les terroristes quant à eux contactent des médias «amis» comme Al Jazeera ou les agences Sahara Média ou ANI qui sont devenus les portes paroles de l'Aqmi et du Mujao. La deuxième partie du plan est de poursuivre avec un second groupe d'otages l'abcès de fixation à l'intérieur du complexe gazier avec une destruction du site à la clé. La nuit passe sans que les forces spéciales ne donnent l'assaut. En milieu de matinée, plusieurs groupes d'otages parviennent à s'enfuir, les terroristes tétanisés, ne quittent pas leurs positions, face à eux des tireurs d'élite qui tirent sans volonté de toucher pour marquer leur présence invisible et limiter les mouvements des terroristes. Des étrangers font partie des otages évadés. En milieu de journée, les terroristes préparent cinq Toyota Station, entassent des vivres et des munitions. Ils placent dedans un nombre d'otages qui portent tous des ceintures d'explosifs. Peu après 13h les véhicules qui ont démarré en convoi espacé foncent en trombe vers la sortie du site et se retrouvent très vite dans le no man's land séparant la zone résidentielle du complexe gazier. A plusieurs centaines de mètres d'eux, presque invisible, un Mi 24 surveille la manœuvre grâce à ses caméras. L'officier d'armement reçoit l'ordre de détruire le convoi. Le terrain s'y prête il n' y a aucune installation sensible à proximité ni de regroupement de civils. Le Superhind tire deux, puis trois missiles à guidage laser Ingwee sur les trois véhicules de queue qui explosent. Pris de panique, ne voyant pas la provenance des tirs, les terroristes se font exploser. L'ordre d'assaut est donné, pas le choix, l'hélicoptère opère un tir de saturation vers la zone résidentielle, il ne vise rien ni personne mais crée un mur de feu. Simultanément des snipers du GIS et du DSI lâchent une salve de balles précisent et tuent, sur le champ, une partie du commando. Des paras avancent en tirant eux aussi. Les opérateurs du GIS profitent de cette diversion pour prendre à revers le reste du commando se trouvant dans la zone résidentielle. Les 11 terroristes présents sont abattus, le camp de base est totalement sous contrôle. 600 otages sont libérés suite à ce premier assaut, parmi lesquels une centaine d'étrangers, une trentaine d'otages sont perdus. Aucun blessé n'est à déplorer du côté des forces spéciales. A l'heure où ces lignes sont écrites, le second groupe terroriste retranché dans les installations gazières est encerclé par les forces spéciales, qui cette fois privilégient la négociation vu la configuration du terrain. Une douzaine de terroristes menaçant, retiennent toujours une vingtaine d'otages.