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Parturientes en offrande pour payer les frais d'une gestion hasardeuse du système de santé
Erreurs médicales, négligences, prise en charge insuffisante...
Publié dans La Tribune le 09 - 02 - 2013

Mardi dernier, le 5 février, une jeune mère a rendu l'âme au CHU Mohamed-Nedir, à Tizi Ouzou, suite à des complications lors de son accouchement à la clinique Tassadit-Sbihi. Un établissement hospitalier spécialisé en gynéco-obstétrique qui s'est taillé «une réputation» pour «les mauvais traitements infligés aux parturientes, jusqu'à les atteindre profondément dans leur dignité», selon de nombreux témoignages.

Une victime de plus, une victime de trop
La victime avait 38 ans.
Chirurgienne-dentiste, mère d'une petite fille d'à peine deux ans. Le 19 janvier dernier, elle a été admise à la clinique Sbihi pour un autre accouchement. Un deuxième bébé, une autre fille née malheureusement dans la douleur et la tristesse. Un frère de la victime parle d'une erreur médicale qui serait à l'origine de deux attaques cardiaques et d'une insuffisance rénale aiguë. Des complications qui ont entraîné sa mort. «Ils lui ont injecté du Loxan malgré son refus. Ma sœur était chirurgien dentiste, elle sait faire la différence entre les produits. Si elle s'est opposée à l'injection de ce Loxan, c'est parce que ce n'était pas ce qu'il lui fallait. Sa dernière phrase avant de sombrer dans le coma était de poursuivre en justice la clinique dès sa sortie de l'hôpital… », rapporte-t-il.
Le dossier médical est vide, selon des proches de l'établissement mais les accusations persistent. Tout son village est en émoi. «Négligences», «travail à la chaîne», «soins confiés à des apprentis»… Les proches et les amis de la défunte se mobilisent pour lui rendre justice. Tous sont convaincus que la clinique n'en est pas la seule responsable et que l'origine du mal est encore plus profonde. Elle réside dans le système. C'est toute la gestion du système de santé en Algérie qui est remise en question.
Des réformes à profusion et des discours élogieux pour des résultats catastrophiques.
Jeudi dernier, lors de sa visite à la clinique Sbihi, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelaziz Ziari, ex-3e homme de l'Etat algérien, a attisé la colère des habitants. «Il n'y a pas lieu d'affoler la population car le risque zéro en accouchement n'existe pas», a-t-il dit en réponse aux nombreuses questions des journalistes qui l'interpellaient sur les décès en série des parturientes dans cette clinique.
Six décès en quarante jours. Le premier a eu lieu le 26 décembre et le dernier, celui dont nous parlons présentement, survenu le 5 février. Pour le ministre, il n'y a pas plus de décès dans cette clinique qu'ailleurs. «Il y a eu seulement quatre décès. Ni cinquième ni sixième», a-t-il poursuivi, dégageant la responsabilité de l'établissement dans la mort de cette jeune dame, ainsi que d'une autre, décédée dans un CHU à Alger. Toutes les deux transférées pour des soins intensifs, malheureusement infructueux, suite à des complications lors de leur accouchement dans cet établissement.

Travail à la chaîne, humiliations au quotidien
Le ministre a ordonné une enquête administrative sur les autres cas et a promis des sanctions à l'encontre des personnes qui en seraient coupables mais a écarté l'idée de limogeage de ses responsables, encore moins la fermeture de l'établissement. «Cette clinique reçoit jusqu'à 10 000 femmes par an, soit une moyenne de 40 accouchements par jour. C'est un grand défi que de pouvoir faire face à une demande aussi croissante et pressante», a-t-il dit comme pour exprimer son soutien aux responsables «qui veillent au bon fonctionnement» de la clinique.
Pourtant, de l'avis d'un grand nombre de femmes qui affirment avoir la malchance de se retrouver dans cette clinique, les conditions d'accouchement sont des plus pénibles et ce sont toujours les parturientes qui en subissent les conséquences. «C'est le calvaire» lancent deux d'entre elles, sortie récemment de l'établissement. «C'est le travail à la chaîne. Tout le monde est occupé à faire quelque chose mais pas à s'occuper convenablement d'une femme qui va accoucher ou qui vient d'accoucher», affirment des proches à elles. «Nous comprenons parfaitement qu'il y a surcharge sur cet établissement. Il reçoit les femmes de la wilaya et celles des wilayas avoisinantes. Puisque c'est cela la situation, pourquoi ne réclament-ils pas des améliorations? Pourquoi ils ne voient pas avec la tutelle pour dégager de nouveaux espaces, de nouvelles structures et un nouveau personnel ? Pourquoi tant de passivité? C'est de la vie des femmes et de leurs bébés qu'il s'agit, il ne faut pas jouer… », s'écrie un homme.
Hassiba, la trentaine, mère de deux enfants, en témoigne: «Vous ne savez pas ce qu'ils font endurer aux femmes dans cette clinique. Ils nous insultent et nous traitent de tous les noms. Et quand on leur répond, on nous dit de nous taire. Une infirmière s'est permise de me dire que je manque d'éducation. Je déconseille fortement cette clinique à toutes les femmes qui sont sur le point d'accoucher.» Sonia, la colère toujours présente et la douleur lancinante, n'oubliera jamais les péripéties de l'accouchement de sa belle-sœur: «La pauvre, elle pensait que des infirmières la suivraient et l'accompagneraient vers une autre salle pour s'allonger et lui prodiguer les soins nécessaires. Heureusement que j'étais là, elle s'est appuyée sur moi et nous avons marché ensemble jusqu'à une partie du couloir. Nous nous sommes retrouvées au milieu d'autres femmes qui pleuraient et gémissaient.»
Quand le mari est arrivé, voyant sa femme au milieu du couloir, avec tout un ensemble d'autres femmes dans la même situation, souffrante mais n'osant rien dire, il a lancé cette phrase à l'adresse d'un agent de sécurité qui, apparemment, est un ancien ami à lui: «Elles attendent le bus?»
C'est sa manière à lui d'exprimer sa colère et sa désolation, toujours sur un ton méprisant envers tout ce qui incarne pour lui ce qu'il appelle «le système».
Des mots et des images qui renseignent sur l'état d'anarchie qui règne dans cet établissement, comme dans d'autres ailleurs dans le pays pour cause de surcharge.
Faudrait-il alors interdire aux femmes de tomber enceinte? D'avoir des enfants? De porter la vie? «Vous avez suffisamment d'enfants, pourquoi en faire d'autres?», une phrase assassine lancée à des femmes qui supportent mal les douleurs de l'accouchement. Une humiliation de plus qu'elles subissent sans répondre par peur de perdre leur bébé. Beaucoup de femmes se laissent faire. Certaines perdent leur vie dans des conditions insupportables sans toutefois qu'il n'y ait la moindre sanction. La majorité se soumet au destin, évoque la fatalité, el mektoub. C'est peut être le destin mais il y aussi la responsabilité du corps médical et paramédical. La responsabilité de l'établissement hospitalier et de l'Etat chargé d'assurer les meilleures conditions possibles pour la santé et le bien être de ses citoyens. Construire de nouvelles structures hospitalières, former plus de médecins et de personnel médical, assurer des formations continues (pas forcément à l'étranger), augmenter les salaires, les primes de risques, améliorer les conditions de travail et de vie…

Etat défaillant
C'est cela la responsabilité première de l'Etat. Et c'est là justement où l'Etat faillit.
Au lieu de résoudre les problèmes à la source, par le débat et la concertation, les représentants du gouvernement poussent les médecins, les psychologues, les infirmiers et autres à sortir dans la rue pour réclamer leurs droits. Prochainement, ce sera le tour des citoyens, pauvres citoyens qui continuent de payer les frais de la mauvaise gestion. Les autres ont leurs médecins, leurs professeurs, leurs connaissances, leur grade, leurs euros, leur santé.
K. M.


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