De notre correspondant à Constantine A. Lemili Le mois d'octobre de cette année n'a pas été vécu par les Constantinois sous le signe du cinéma de l'immigration. Depuis 2002, et au cours de cette période automnale, les habitants de la ville des Ponts apprenaient via les spots publicitaires de la radio locale et quelques articles de presse que leur cité devait s'apprêter à vivre à partir de chaque 17 dudit mois et durant trois jours une rencontre culturelle intitulée «Cinéma de l'immigration». Comme son nom l'indique, cette rencontre devait rassembler les acteurs politiques de l'événement tragique vécu par nos compatriotes et ceux qui ont relayé cette tragédie (féroce répression de la communauté algérienne par la police de Papon) par la réalisation de films documentaires ou de fiction. L'initiative aurait certainement été louable s'il n'y avait pas derrière, pour H. Mohamed, téléaste de son état, devenu pour des besoins politiques élu communal et vice-président chargé de la culture, des affaires sociales et des activités sportives, le seul objectif non pas de commémorer dans un contexte précis le «17 Octobre» et rendre hommage à ceux parmi les cinéastes nationaux ou étrangers qui ont eu l'heur de vivre jusqu'à la fin de mandat de l'édile évoqué, mais de juste se mettre sous les feux de la rampe. Bien évidemment, les rencontres auront coûté ce qu'elles ont coûté… nul ne l'a jamais su. Sauf qu'elles n'auront focalisé l'attention que des seuls invités de l'organisateur qui auront été pendant quatre années les seuls spectateurs ayant meublé le premier rang de la salle de la maison de la culture Mohamed Laïd El Khalifa… Sinon, en des temps ordinaires, de telles séances auraient été annulées faute de spectateurs malgré le fait que l'entrée soit gratuite et fortement annoncée, parfois à la limite du harcèlement audio, par la radio locale. L'initiative aurait encore été plus louable si l'intention était d'installer d'une manière pérenne un tel rendez-vous, lequel n'aura malheureusement pas survécu à son auteur parce qu'assis sur le dilettantisme et le besoin du moment non seulement de faire croire à qui pourrait y condescendre que l'Assemblée populaire communale, ou du moins l'organe d'exécution de sa politique, meublait effectivement le temps de loisir de ses contribuables par une activité artistique et culturelle si ce n'est au quotidien, ce qui relève de la gageure, du moins d'une manière régulière. Aucun bilan n'a été fait et ne pourra évidemment être fait sur quatre manifestations qui auront coûté ce qu'elles auront coûté aux citoyens en frais de bouche, en transport, notamment pour les invités nationaux expatriés et les étrangers, en hébergement et en récompenses ou autres cadeaux remis en de telles circonstances. Les Constantinois, ou du moins ceux qui, pour une raison ou une autre (notamment professionnelle), garderont le souvenir de la présence des mêmes invités durant les années où se sont déroulées les rencontres cinématographiques de l'immigration. Mohamed H. a presque déterré un événement pour l'inscrire dans le cadre d'une manifestation qui aurait eu du mérite à être perpétuée ne serait-ce que par respect pour ceux qui ont payé de leur vie cette dramatique tranche d'histoire ou encore ceux qui, avec des moyens dérisoires, ont réussi à en immortaliser la puissance. Le nouvel homme fort de la culture au niveau de la commune, chargé de la culture, du social et des activités sportives, considère pour sa part que «le meilleur moyen de rentabiliser les six salles de cinéma fermées serait de les transformer en salles des fêtes pour les mariages, et les circoncisions».