Plus de 15 000 fumeurs meurent annuellement en Algérie des effets du tabagisme, a indiqué hier le professeur Nafati Salim, spécialiste des maladies respiratoires à l'hôpital Mustapha Bacha d'Alger. Intervenant en marge d'une journée de sensibilisation et de formation médicale tenue à Boumerdès sur le tabagisme, le professeur Nafati (également président de l'Association algérienne pour les maladies respiratoires et la tuberculose) a fait remarquer, selon l'APS, que, sur ce nombre de décès, «7 000 sont dus à la crise cardiaque déclenchée suite aux effets néfastes du tabac sur les sujets fumeurs». «Quelque 2 000 à 3 000 autres cas de décès sont dus au cancer du larynx et du poumon, et près de 1 500 sont causés par l'artériosclérose», a-t-il ajouté, signalant que les «4 000 cas de décès restants sont directement liés à pas moins de 25 maladies en relation avec le tabagisme». Selon le spécialiste, ce fléau n'épargne aucune catégorie sociale et a atteint des proportions «alarmantes». Pour preuve, dira-t-il, en se référant aux statistiques officielles, en Algérie près d'un homme sur deux est fumeur, soit 44% de la population masculine âgée de plus de 15 ans, au moment où une femme sur 10 est signalée comme fumeuse, soit 9% de la gent féminine du même seuil d'âge. Soulignant la propagation de ce fléau chez les enfants, ce praticien a cité les conclusions «alarmantes» d'une enquête effectuée, l'année dernière, par l'Association algérienne pour les maladies respiratoires et la tuberculose sur un échantillon d'écoles de la capitale représentatif des 3 cycles de l'enseignement. Il ressort des résultats de cette enquête qu'entre 3 et 5% des élèves du premier cycle touchent au tabac, alors que 10% d'élèves du cycle moyen et 20% du secondaire sont fumeurs. Ce spécialiste des maladies respiratoires a lancé un véritable SOS pour rappeler le «danger de la situation» et la nécessité de l'adoption de mesures préventives pour limiter les dégâts. Il a affirmé que les Algériens sont menacés par les effets du «tabagisme conjugués à ceux de la pollution, en révélant que des études ont prouvé que 80% des habitants de la capitale seront affectés de maladies respiratoires durant la décennie à venir». «Près de 30% des personnes âgées entre 35 et 55 ans souffrent actuellement de maladies respiratoires», indiquent ces mêmes études, selon lesquelles ce taux est porté à 60% chez les catégories d'âges dépassant les 55 ans. Epargnés pour le moment, les enfants risquent aussi d'être touchés par ces maladies, a-t-il averti. Organisée à l'initiative de l'Etablissement public de santé de proximité de Boumerdès (EPSP), cette journée de sensibilisation a été également caractérisée par l'animation de plusieurs conférences ayant abordé, dans leur majorité, les dernières nouveautés en matière de traitement des maladies chroniques, ainsi que les méthodes de prévention contre les maladies respiratoires et le diabète notamment, indique-t-on. R. N.