Le noyau historique d'Aqmi, le Gspc, est en passe d'être décimé. Si la liquidation d'Abou Zeïd se confirme après les tests ADN, c'est Droukdel qui en sentirait la dimension de la perte et ses conséquences logistiques et financières. Le terrorisme en Algérie est alimenté au moins depuis 2004, à partir du Sahel grâce au butin de guerre des groupes affiliés à l'Aqmi. L'argent des rançons que des pays occidentaux payaient ainsi que celui du trafic de drogue, les armes et les munitions récupérées à la suite d'agressions, et achetées auprès des trafiquants, permettaient au terrorisme de se développer dans le Sahel et aux éléments de Droukdel de maintenir une activité en Algérie et même de recruter. Ce qui explique l'implantation du Gspc dans le Sahel, c'est cette manne financière que Mokhtar Belmokhtar a découverte. Il en a fait la source de sa puissance pour remettre en cause la légitimité de Droukdel qui a usurpé la direction du Gspc aux yeux d'un bon nombre de vétérans du GIA. Après la repentance de Hattab, la guerre de succession s'était ouverte au sein du Gspc et c'est Droukdel qui s'est imposé en prônant une ligne dure, axée sur la violence tous azimuts y compris contre les civils. Ce virage à risque a été dénoncé par Belmokhtar qui, faute de pouvoir combattre Droudkel en Algérie, s'est renforcé au Sahel pour en devenir le chef, même s'il n'a pas déclaré sa dissidence avec Aqmi. Avant l'avènement d'Aqmi, Droukdel a compris l'importance du Sahel et la puissance de Belmokhtar. D'où sa décision de s'y implanter non seulement en vue d'affaiblir son rival et ennemi juré, mais aussi en vue de renflouer les caisses de l'organisation et de lui assurer un armement régulier. Nabil Abou Alqama est chargé alors de structurer le Gspc au Sahel avant son affiliation à Al Qaïda en 2007 pour devenir Aqmi. De 2007 à 2012, Droukdel n'a pas réussi à affaiblir Belmokhtar qui dirigeait une Katiba qui officiellement était affiliée à Aqmi mais qui évoluait en électron libre et rivalisait avec les brigades que dirigeait Abou Alqama. Belmokhtar qui s'est éclipsé pendant des années, a renforcé ses positions, ses moyens et a tissé des liens de sang avec des tribus targuies dans le Sahel. Lorsque le bruit de bottes acommencé à se faire entendre, menaçant tous les groupes extrémistes et terroristes dans le Sahel, Belmokhtar refait surface, réoccupe le terrain et menace le trône de Droukdel. En septembre 2012, Abou Alqama est étrangement victime d'un accident de la route. Droukdel le remplace par Yahia Abou El Hamam. En Octobre 2012, Droukdel exclut d'Aqmi Belmokhtar qui crée Katibat El Moulathamin. L'attaque terroriste de Tiguentourine planifiée parBelmokhtar, visait entre autre, à signifier à Droukdel qu'il n'avait aucune prise sur Aqmi au Sahel. La mort d'Abou Zeïd confirme le message subliminal de Belmokhtar alors qu'en Algérie, aussi bien en Kabylie qu'à l'est des Aurès, Aqmi a perdu beaucoup d'éléments, notamment des émirs. Même s'il est trop tôt pour se prononcer, la déroute d'Aqmi au Sahel et les pertes subies en Algérie, risque de sonner le glas de Droukdel et des irréductibles de l'ex-Gspc. A. G.