Photo : S. Zoheir Par Abdelhamid Zouad de l'APS Consommateurs et professionnels soutiennent, à Jijel, que la profusion d'intermédiaires dans le circuit de commercialisation du poisson est à l'origine de l'envolée des prix des produits de la mer. Ce facteur est mis à l'index car, ajoutent des marins-pêcheurs, de nombreux intermédiaires interviennent dans le circuit de commercialisation, déjà défaillant, pour donner le «coup de grâce» au pouvoir d'achat des bourses moyennes. La sardine à 30 dinars le kg, n'est qu'un vieux souvenir pour ce poisson de bataille, aujourd'hui écoulé dix fois plus, au grand dam des consommateurs. Ce n'est pas le seul exemple puisque les prix de nombreuses autres espèces ont atteint des «cimes» comme il est loisible de le constater ces derniers temps dans différents marchés de proximité de cette ville littorale.
La future halle à marée, ébauche d'une solution L'on espère cependant qu'avec l'entrée en fonction «prochaine» de la halle à marée, réalisée dans l'enceinte du port de Boudis, les choses pourraient aller mieux, indique à l'APS, Hocine Bousbiaa, chef de service de la pêche maritime à la direction de wilaya de la pêche et des ressources halieutiques (Dprh). Cette structure, tant attendue, permettra, selon ce responsable, de mettre un frein aux agissements des multiples intermédiaires qui se «faufilent» entre les producteurs et les consommateurs, ces derniers étant les «dindons de la farce». D'autres facteurs, et non des moindres, sont également pointés du doigt pour expliquer la cherté du prix du poisson : le manque de matériels de qualité et leurs prix prohibitifs, l'absence d'un circuit de commercialisation «clair», la désorganisation des ports (inexistence ou non application de plan d'accostage des bateaux) et le caractère «excessif» des taxes appliquées aux armateurs par l'Entreprise de gestion des ports de pêche (Egpp), souligne de son côté le secrétaire général de la Chambre de la pêche et de l'aquaculture, Ferhat Zaidi. Il n'omet cependant pas, non plus, les contraintes naturelles comme le climat, mais surtout la pollution. En Effet, dit-il, «de nombreux armateurs ont remonté dans leurs filets des pneus quand ce ne sont pas, carrément, des carcasses de cuisinières, de machines à laver de divers appareils domestiques et autres objets hétéroclites qui n'ont pas de raison d'être dans un milieu censé être sain et propre». Une meilleure prise en charge des problèmes sociaux des professionnels de la mer par le ministère de tutelle (en matière de retraite et de santé), par la mise en place de correspondants sociaux au niveau des ports, est également souhaitée par ce responsable.
Littoral jijelien : 10 pour cent de la côte algérienne Avec une façade maritime de 120 km, soit le 10e du littoral algérien, la wilaya de Jijel comptabilise, s'agissant des professionnels du secteur, une population de 1 775 inscrits, dont 1 200 marins actifs dont le nombre fluctue en fonction de la capacité d'embarquement de la flottille active. La flottille de pêche estimée à 300 unités (toutes métiers confondus) a «remonté», jusqu'à fin 2012, 6 300 tonnes de poissons, soit une baisse de 12 % par rapport à 2011. Cette chute drastique s'explique par les intempéries qui ont sévi dans la région au premier trimestre 2012, la réparation de la flottille qui dure plusieurs jours, voire des mois, et des sorties «sans production» de bateaux de pêche. Pas moins de 399 retours à quai «bredouille» ont été enregistrés au port de pêche de Jijel durant le seul 1er trimestre 2012 et 579 au port de Ziama Mansouriah (ouest), a rappelé M. Bousbiaa. Avec trois ports dont un en phase d'achèvement (celui d'El Aouana), deux plages d'échouage (Sidi Abdelaziz et Ouled Bounar), deux projets à l'étude pour la réalisation de halles à marées à Ziama Mansouriah et El Aouana, en plus de celle de Jijel, le secteur de la pêche dispose pourtant d'une base infrastructurelle à même de lui permettre de fonctionner comme il se doit.
Des sommes considérables investies par l'Etat Eu égard à l'importance que revêt le secteur de la pêche, l'Etat a investi des sommes considérables et mis en place des moyens importants à même de mettre ce secteur générateur de richesses et d'emplois sur de bons rails. Ainsi, pour l'échéance 2010-2014, les pouvoirs publics ont prévu, en matière de moyens de production, l'injection de nouvelles unités pour exploiter la ressource pélagique, l'exploitation des potentialités de la wilaya en matière d'aquaculture où onze (11) sites ont été identifiés, la réalisation de deux halles à marée dans les deux communes côtières précitées et des unités de soutien en amont et en aval à la production. De même qu'il a été prévu l'exploitation des retenues d'eau pour la pêche continentale et la mise en place d'un programme de formation et de vulgarisation destiné à la mise à niveau des professionnels, assure-t-on à la direction de wilaya de la pêche et des ressources halieutiques. L'impact escompté de cette dynamique est d'atteindre une production de 12 000 tonnes par an de produits de la pêche, ainsi que la création d'environ 2 350 emplois, soit 600 postes supplémentaires, en plus de l'amélioration et de la modernisation du système de commercialisation, jusque-là considéré comme archaïque, affirment, à l'unisson, les professionnels et les responsables du secteur de la pêche.