Les domiciles des familles d'Ibrahim et Haroun n'ont pas désempli depuis leur enlèvement. Toutefois l'affluence n'était plus maîtrisable depuis l'annonce de leur assassinat. Des personnes, individuellement, en groupe ou en famille, venant des villes de l'est du pays (Khenchela, Tébessa, Annaba, Aïn M'Lila, Skikda, Mila, Sétif, Bordj Bou Arreridj…) ont littéralement déferlé à la nouvelle ville Ali Mendjeli depuis la récupération des corps des deux victimes par les services de police. Ces visiteurs exceptionnels ont concouru, selon leurs moyens, à aider les deux familles, mais au-delà de l'aspect matériel, c'est surtout le soutien moral qui aura prévalu en ces circonstances. Rarement évènement dramatique n'a suscité un tel degré de mobilisation et d'émotion collectivement ressentie. Cet élan populaire ne s'est pas estompé une fois les deux victimes mises sous terre, bien au contraire, un relais s'est mis en place et la douleur ressentie à la suite de cet assassinat devrait se matérialiser en milieu de journée de vendredi (hier), autrement dit juste après la prière. Reste toutefois à savoir si cette mobilisation pourra être contenue et encadrée. Ce qui n'est pas évident compte tenu de la sourde colère de la population à l'endroit des pouvoirs publics et plus particulièrement les institutions censées assurer l'ordre public et la sécurité, lesquelles, est-il nécessaire de le rappeler, visiblement dépassées par les revendications de foules exigeant que justice soit faite sur le champ, appréhendent un dérapage incontrôlable. D'ailleurs, il semblait plutôt étrange qu'en périphérie immédiate de la foule aucune présence des forces de police, habituelle dans ces circonstances, et encore moins avec leurs moyens et équipements de dissuasion, n'était visible. En fait, il faut attendre les fins de journées pour voir des colonnes d'engins sillonner les voies périphériques de la nouvelle ville pour rejoindre l'unité opérationnelle principale de la Bmpj, en l'occurrence Chaabet Ersas (ex-ferme Bonnefoy). Le manège discret est répété à chaque fois le lendemain, et lesengins pour majorité positionnés en des endroits non visibles et quelques uns au niveau du lieu de rassemblement. Une attitude pour laquelle il a été opté officiellement pour éviter toute supputation sur une provocation malvenue susceptible de mettre le feu aux poudres. Ceci d'autant plus que les jeunes semblaient vouloir en découdre non pas parce qu'ils étaient ulcérés par la disparition des deux enfants mais plus parce qu'une flambée de violence installerait un nouveau rapport de forces. L'hypothèse de la flambée de violence étant même adoubée par la majorité des habitants, qui y voient le moyen de dire leur ras-le-bol pour des choses qui n'ont rien à voir avec la tragédie qui a endeuillé deux familles. Soulignons enfin qu'un appel a été lancé à partir de Facebook. Le communiqué anonyme appelait à une mobilisation générale pour la journée de jeudi sur la place de la Brèche (centre-ville) mais il n'a aucunement été suivi. Les internautes estimant vraisemblablement qu'il s'agit d'une manipulation politique. Nous saurons d'une source policière que les deux présumés assassins d'Ibrahim et Haroun ont été présentés devant le juge d'instruction du tribunal de la ville du Khroub. Cette même source nous confiera que pour extraire les deux prévenus et éviter leur lynchage par une foule présente en masse autour du commissariat où ils étaient auditionnés «il a fallu leur faire revêtir des tenues officielles de policiers pour abuser la foule qui faisait le siège des lieux». Les indiscrétions caractérisant cette affaire seront confirmées par la présence massive de jeunes en colère près du tribunal du Khroub et, dans le registre des indiscrétions, le summum a été atteint avec la photo des deux prévenus sur Youtube à partir du mercredi. A. L.
CONSTANTINE : Impressionnante mobilisation policière La marche attendue n'a finalement pas eu lieu. Les parents des deux enfants assassinées au cours de la semaine écoulée ont appelé les Constantinois à ne pas marcher après la prière du vendredi, mais souhaiteraient qu'une minute de silence soit observée sur l'ensemble du territoire national dimanche prochain. Un communiqué devrait déterminer les conditions dans lesquelles se déroulera ce moment de recueillement requis. Si la marche n'a pas eu lieu, a contrario, le service d'ordre mobilisé en ce sens était impressionnant, particulièrement en raison di risque de confusion de la procession avec le passage des coureurs cyclistes dans le cadre du TCA.