Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi Les conséquences économiques du printemps arabe sur les pays de la région ont été au centre d'une conférence animée, hier, par M. Ali Souleimane, professeur à l'Université britannique du Caire (Egypte). Souleimane, qui était l'invité de l'Institut des études de stratégies globales (Inesg) a mis l'accent, particulièrement, sur le défi de l'emploi, le qualifiant de «priorité des priorités» dans les pays de la région. Tout en se disant «optimiste» pour une sortie rapide des périodes transitoires qui perdurent encore, le conférencier a estimé que les pays de la région, notamment ceux touchés par le printemps arabe, ont l'obligation de définir clairement leurs politiques économiques, voire leurs visions à long terme. Pour lui, chaque pays doit définir au préalable son «identité économique» de manière à permettre à toutes les parties, publiques et privées, de prendre part au développement économique. Il a suggéré aussi de privilégier certains secteurs d'activités créateurs d'emplois, à l'image du tourisme, du textile et des services. Car, à ses yeux, on peut lancer des projets qui auront un impact positif sur l'économie et une forte valeur ajoutée, mais ne créeront pas de postes d'emplois. L'autre priorité énumérée par Souleimane a trait à la lutte contre la pauvreté, un phénomène qui touche tous les pays de la région. D'ailleurs, explique-t-il, les événements qu'ont connus ces pays sont dus, en grande partie, aux inégalités sociales et à une mauvaise répartition des richesses. C'est pourquoi, juge-t-il, la lutte contre la pauvreté passe par une meilleure gouvernance et une équipe dirigeante compétente, particulièrement sur le plan économique, capable d'offrir des alternatives aux pays concernés. Sur un autre chapitre, l'invité de l'Inesg a brossé un tableau peu reluisant de la situation qui prévaut dans certains pays de la région. Pour lui, hormis le poids de la dette qui a été réduit dans l'ensemble des pays, tous les signaux sont au rouge à commencer par la situation des infrastructures économiques. Il parle aussi d'un ralentissement sensible dans plusieurs secteurs d'activités stratégiques, tels que le tourisme et le textile, ainsi que des investissements étrangers. Il juge également que l'ouverture économique prônée par tous les pays en question leur a été fatale en raison de la complexité des rapports économiques mondiaux, mais aussi de la faiblesse du commerce interarabe qui ne représente, pour le moment, qu'une infime partie des échanges de chaque pays. Enfin, le conférencier pense que le renversement des régimes en place n'était qu'un début pour la reconstruction des pays. Pour cela, il exhorte les politiques à ouvrir le débat et mettre en place des institutions solides.