De notre envoyée spéciale à Doha Faouzia Ababsa Alors que dans la salle «Dafna» du Sheraton hôtel, les altesses, les chefs d'Etat et de gouvernement et les ministres s'accordaient à dire qu'il y avait danger dans la demeure Planète si aucune solution n'était trouvée à la crise financière mondiale, voilà que les Etats-Unis, qui partagent cette vision, y mettent du leur pour entraver la poursuite du processus de dialogue entamé à Monterry et enrichi à Doha. En effet, après la tenue de conclaves marathoniens pour débattre du projet de la déclaration finale soumise par le secrétaire général de l'ONU, les participants ne sont pas parvenus à un consensus à même de mettre en branle les recommandations proposées. Et pour cause ! Les Etats-Unis ont émis des réserves au document, refusant de le cautionner car n'allant pas dans leur sens. Le désaccord réside en fait dans le cadre devant abriter la réunion chargée d'examiner les tenants et les aboutissants de la crise financière. Les représentants de Bush ont refusé que la rencontre soit élargie et se tienne au niveau des Nations unies, préférant que cela se réduise au cadre restreint du G20. C'est-à-dire en excluant le G77. Celui-ci ne voulant pas lâcher prise, il a insisté pour que la réunion soit la plus élargie possible conformément aux discours et autres déclarations aussi bien onusiennes qu'à l'échelle des Etats. Il semblerait qu'en adoptant cette position, les Etats-Unis veuillent répondre à l'Union européenne qui, par la voix de son président, représenté par Nicolas Sarkozy, a invité (dans une sorte de chantage) les pays en développement, pauvres ou encore les membres du CCG à aider politiquement l'UE à enclencher le système de réformes des institutions internationales contre l'Aide publique au développement (APD). Dans les coulisses de l'hôtel Sheraton à Doha, les langues se délient. L'intervention du président français n'a pas plu aux Américains qui ont vu en elle une manière de récupérer l'Afrique et une partie de l'Asie et de l'Amérique latine à son profit exclusif. D'où donc le bras de fer entre les représentants de l'administration américaine et le G77. Celui-ci n'a d'ailleurs pas eu de mal à faire partager sa cause par l'UE. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Les Etats-Unis émettent maintiennent leurs réserves. Une autre réunion devait se tenir hier en fin d'après-midi pour tenter de trouver, malgré tout, un terrain d'entente. Il n'était donc pas évident que la déclaration de Doha soit proposée au vote. Le document en question exhorte les Nations unies à la reconfiguration de la gestion de la crise dans le cadre d'une réunion élargie qui se tiendrait à l'ONU au printemps prochain. Et c'est justement cette idée-là que rejettent les Etats-Unis. La commission chargée de l'élaboration du projet de la déclaration finale a mis en exergue la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi du sommet sur le financement du développement et l'accord de Doha. Le projet de document, qui comporte 63 articles, s'inspire du rapport de Monterry, qui n'a pas atteint ses objectifs, et de la déclaration de l'Organisation internationale du travail sur la justice sociale et pour une mondialisation équitable. Le document relève l'insistance des chefs d'Etat et les représentants de haut niveau présents à Doha à prendre des mesures concrètes pour l'application des résolutions de Monterry de 2002. Ces mêmes participants ont également exprimé leur détermination à affronter les défis du financement du développement dans un esprit de coopération et de solidarité mondiales avec l'engagement d'éradiquer la pauvreté et la réalisation de la croissance. Les mêmes chefs d'Etat et représentants à un haut niveau ont montré une détermination identique pour le renforcement du développement durable avec en prime l'établissement d'un système économique mondial caractérisé par la justice et la mobilisation des ressources financières nécessaires.